Défauts de valorisation d’un actif naturel en l’absence de marchés

La plupart des biens d’environnement sont en fait consommés gratuitement par les individus, consommateurs ou producteurs, et n’ont donc pas de prix (hormis, pour certaines ressources naturelles, le coût de leur transformation par l’homme) ; ceci ne signifie surtout pas qu’ils n’ont pas de valeur. En outre, les attributs environnementaux comme la qualité de l’air ou celle de l’eau, fournissent des flux de biens et de services qui présentent une valeur pour les individus, au même titre que les ressources naturelles, comme la forêt. Étant donné le caractère de ressource commune et de biens publics de la plupart des actifs naturels (et de certaines de leurs caractéristiques), leur usage ne peut donc être régulé par le marché.

Si l’on prend comme exemple d’actif naturel celui des zones humides, on constate que les politiques d’assèchement ayant pour but d’augmenter la production agricole, notamment après la deuxième guerre mondiale, ont non seulement provoqué la disparition de nombreuses espèces animales et végétales, et donc une diminution de la biodiversité mais également une réduction de la diversité paysagère, et, surtout, en conséquence directe sur l’homme et ses activités économiques, la disparition de certaines fonctions telles que la protection contre les inondations, l’alimentation de la nappe phréatique, ou la dépollution naturelle. Cet usage inefficient de l’actif naturel est explicable par l’absence de valeur placée par la société sur un certain nombre de services produits.

Cette consommation implique donc que leur usage entre comme argument dans la fonction de bien-être (ou d’utilité) des individus. Une diminution du flux de services rendus par ces biens entraînera une diminution du bien-être des individus, sans nécessairement de contre-valeur monétaire.

Pour les économistes, il convient donc de (re)trouver une mesure économique de la valeur de ces actifs pour guider les politiques publiques chargées de leur allocation entre différents usages concurrents. Les méthodes de valorisation reposent sur deux hypothèses centrales de l’économie du bien-être :

- les préférences individuelles constituent le fondement de l’évaluation des bénéfices d’environnement ;

- les individus sont les meilleurs juges de leurs préférences.

L’objectif est de pouvoir exprimer en grandeur monétaire le gain (respectivement la perte) de bien-être d’un individu associé à une amélioration (respectivement une détérioration) de la qualité d’un service rendu par un actif naturel. L’analyse du surplus du consommateur est certainement l’outil conceptuel le mieux adapté à la résolution de ce problème, lui-même basé sur la relation existant entre le prix des biens et la demande exprimée pour ces biens par les consommateurs (elle-même basée sur l’utilité qu’ils retirent de cette consommation).

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