Pour que ces concepts de fonction de demande et de variation du surplus soient opérationnels non plus seulement au niveau individuel, mais maintenant au niveau collectif, deux opérations doivent être menées :
tout d’abord, la courbe de demande traduit différents niveaux d’utilité pour un individu et son utilité sera ramenée en une même unité monétaire (UM, voir axe des ordonnées du graphique), à partir des sommes qu’elle est prête à verser pour différentes quantités mises a sa disposition ;
ensuite, on considère que les fonctions d’utilité des différents individus (UA et UB, courbes du graphique) qui ont permis d’établir sa fonction de demande d’un bien ou service, permettent ainsi d’obtenir des valeurs monétaires qui peuvent s’additionner. On fait alors face à une courbe d’utilité collective (Ucoll du graphique) et une fonction de demande globale permettant sous le même raisonnement que pour la demande individuelle d’estimer une variation du surplus collectif (partie grisée du graphique, soit la somme des variations de surplus individuelles). Si certains pensent que la marge d’erreur est faible, il est probable toutefois qu’une telle procédure reste entachée de nombreuses incertitudes.
Cette double opération se fait cependant au prix de deux imprécisions :
d’une part, elle suppose que l’unité de mesure de l’utilité soit neutre et que la valeur de l’argent reste identique quel que soit, notamment, le revenu des personnes considérées ;
d’autre part, elle gomme les spécificités des préférences de chacun. Si elle rend compte d’une modification de l’utilité collective globale liée à une variation de la quantité d’un bien non marchand, elle ne permet par contre pas de savoir s’il existe des intérêts qui s’opposent entre les acteurs concernés.
C’est malgré tout à ce niveau collectif que les évaluations monétaires des dommages environnementaux sont pertinentes, dans le sens où elles sont conçues pour fournir une aide à la décision dans le domaine des politiques publiques. Pour limiter ces deux inconvénients, il est par contre important de distinguer différentes catégories de population, en fonction notamment des niveaux de revenus et des degrés d’implication dans les émissions.