Dans cette logique, l’incidence de la pollution atmosphérique sur les maladies cardiaques et respiratoires peut être mesurée à partir des frais d’hospitalisation et de médicalisation qu’elle entraîne. Cette méthode peut être complémentaire de la méthode d’évaluation des « pertes de production » si on constate des pertes de revenus durant la période des « réparations ». Ainsi une hospitalisation se traduit-elle par un absentéisme et une perte de production en plus des coûts médicaux.
Le calcul du coût de réparation des dommages est basé sur les prix des biens et services nécessaires de retrouver l’intégrité des biens endommagés par la pollution atmosphérique. Les domaines concernés par la sphère marchande peuvent être couverts par cette méthode. Dans le cas de la pollution de l’air, ce sont essentiellement les effets sur la santé publique qui peuvent évalués de cette manière (mais ils peuvent l’être également sur les bâtiments et matériaux dans une évaluation du patrimoine). Les évaluations monétaires des effets sur la santé qui s’inspirent de cette logique sont souvent répertoriées sous le registre « cost of illness » (coût de la maladie) par les anglo-saxons. On va chercher ici à établir les coûts des soins qui suivent la maladie : coûts de consultation, et éventuellement d’hospitalisation, coût des médicaments. Cette méthode est très répandue dans le domaine de l’économie de la santé, et on la trouvera illustrée ici dans des études comme Deloraine et al. (1995) [1], Chanel et al. (1996) [2], Rozan (2000) [3] ou ECOPLAN (1996) [4].
Cependant, cette méthode ne couvre pas toutes les dimensions des coûts. En matière de coûts de la maladie, elle est donc classiquement complétée par la notion des coûts indirects liés aux pertes de revenus impliqués par l’absentéisme (que ces pertes soient supportées par le malade, ou prise en charge en tout ou partie par la collectivité). Ainsi, les études évoquées précédemment (Deloraine, Chanel, Rozan et ECOPLAN), passent toutes par une estimation de ces coûts pour compléter leur évaluation. On retrouve ici l’idée que les différentes méthodes d’évaluation peuvent être tout à fait complémentaires pour aider à retrouver ce que l’on cherche à valoriser.
La dimension non marchande des biens affectés n’est pas prise en compte non plus, c’est-à-dire le coût des différents maux (gêne, l’inconfort ou la douleur ressentis). Des méthodes directes comme les évaluations contingentes (« préférences déclarées ») seront plus à même de fournir une estimation plus précise.
De multiples travaux font encore référence à cette méthodologie ; on citera notamment celle d’ECOPLAN (1996), qui la retient comme base pour ses calculs, et Sommer et al. (1999) [5] qui s’en servent pour établir la fourchette basse de ses estimations (par opposition à une évaluation contingente qui fournira la fourchette haute).
Cependant, les méthodes de réparation des dommages ou du capital humain sont progressivement abandonnées dans le cadre des évaluations des projets publics. Les méthodes directes (évaluations contingentes), basées sur des préférences non plus révélées mais directement déclarées, auparavant très utilisées dans les pays anglo-saxons et scandinaves, tendent à se développer aujourd’hui, et fournissent des valeurs plus élevées, tout en s’inscrivant dans un cadre théorique reconnu. Les exigences collectives en matière de sécurité et de santé publique se renforçant, les pouvoirs publics ont de plus en plus recours aux résultats fournis par ces dernières méthodes.