Des évaluations contingentes menées aux Etats-Unis ont permis de montrer que ces valeurs peuvent s’avérer très élevées, jusqu’au double des valeurs d’usage. Par exemple, Schulze et al. (1983) [1] ont calculé que les avantages de la préservation de la visibilité dans le Grand Canyon du Colorado (affecté par le smog) s’élevaient à 3,5 milliards de dollars par an ; extrapolée à l’ensemble des zones aménagées ou aménageables en parcs dans le sud-ouest des États-Unis, cette valeur monte à 7,4 milliards de dollars (chiffre à comparer aux 3 milliards de dépenses annuelles de contrôle de la pollution de l’air dans cette région).
Schulz [2] a mené une enquête en 1983-1985 afin de mesurer les avantages d’une amélioration de la qualité de l’air à Berlin-Ouest. Cette ville étant exposée à une importante pollution atmosphérique (nombreuses alertes au smog) à laquelle les Allemands sont très sensibles, Schulz a adressé par courrier un formulaire d’enquête sur le CAP à un échantillon de 4.500 Berlinois. Le formulaire comportait des questions sur l’appréciation de la qualité de l’air, sur la connaissance des effets de la pollution atmosphérique et, bien entendu, sur le CAP pour une amélioration de la qualité de l’air. Les résultats indiquaient une évaluation de l’air pur de 4,6 milliards de Deutsche Mark pour Berlin-Ouest et de 138 milliards de marks extrapolés à l’ensemble de l’ex-RFA, soit respectivement 7 et 11% du PIB ; ces valeurs sont particulièrement élevées. Cette étude montre notamment que le CAP dépend beaucoup de l’âge et du niveau de connaissance des phénomènes de pollution de l’air : la valeur accordée à l’air pur était plus forte pour les jeunes et fonction du degré de connaissance. La figure jointe montre la relation entre le CAP et les niveaux de qualité de l’air (définis par les qualificatifs de « brouillard », « air en ville », « air dans les petites villes » et « air dans les lieux de vacances »). La figure jointe établit bien cette relation entre le CAP et le degré d’information.