Environnement, réponse au stress et cancers

Pour faire la démonstration de l’impact des facteurs bio-comportementaux sur la pathogénèse, nous aurions pu choisir un autre exemple. Cependant, le cancer est une des pathologies les plus étudiées sous tous ses aspects, d’où un terrain riche d’enseignements. Des études épidémiologiques montrent que le stress, la dépression chronique et le manque de soutien social pourraient être des facteurs de risque de développer un cancer. Des études cellulaires et moléculaires ont identifier des processus biologiques qui pourraient médier de tels effets. Les données sont en faveur d’une association des caractéristiques psychologiques et sociales avec l’initiation, la progression et la mort par la maladie. Ces processus sont schématisés sur la figure ci-contre.

Pour prendre un exemple, le risque de cancer du sein est doublé en cas de séparation, divorce ou veuvage. La dérégulation du cycle journalier (circadien) engendre la sécrétion d’hormones liées au stress, fournissant encore une piste. Les risques de cancer du sein et du côlon sont augmentés chez les travailleurs de nuit.
D’autres mécanismes, par exemple immunitaires, peuvent également être évoqués. Des lésions débutantes peuvent échapper à une surveillance immunitaire amoindrie. Alternativement, des cellules résidentes dans les tissus peuvent modifier le microenvironnement, le rendant plus permissif à l’initiation ou la progression tumorale. Ces processus peuvent également accompagner l’oncogénèse virale [1].

Examinons quelques processus physiologiques en rapport avec les facteurs bio-comportementaux dans la cancérogenèse :
- Des processus environnementaux ou sociaux sont interprétés par le système nerveux central avant d’activer le système nerveux autonome (SNA) et l’axe HHS ;
- Des différences individuelles de perception et d’évaluation des situations extérieures (faire face) génèrent une variabilité des niveaux d’activation du SNA et de l’axe HHS ;
- Sur des périodes longues, cette dynamique neuroendocrine peut altérer des fonctions impliquées dans la cancérogenèse, le métabolisme oxydatif, la réparation de l’ADN, l’expression des oncogènes par des virus et des cellules somatiques ou encore la production de facteurs de croissance ;
- Après la phase d’initiation, les substances neuroendocrines peuvent réguler des protéases [2], des facteurs angiogéniques et d’autres molécules favorables à la migration et les métastases ;
- Des processus au sein du système nerveux central peuvent favoriser des comportements dangereux, tabagisme, pratiques sexuelles (transmission de virus oncogènes)...

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Notes

[1Cancers provoqués directement (papillomavirus pour le col utérin) ou indirectement (virus de l’hépatite)

[2Enzymes digérant les protéines, associées au remodellage tissulaire

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