Conséquences tout au long de la vie du plomb et du stress maternel

Les conséquences adverses d’une charge corporelle élevée en plomb sur les fonctions cognitives des enfants a été largement documentée. En effet, il a été démontré que des réductions du QI [1] peuvent intervenir pour des concentrations sanguines en plomb bien en dessous de celles désignées comme “niveaux préoccupants”, soit 100μg/l, selon les Centers for Disease
Control and Prevention des USA [2].

Cependant, la réalité de l’état de l’environnement est telle que l’exposition au plomb intervient dans un contexte où coexistent d’autres facteurs modificateurs du risque, y compris génétiques, ou d’autres liés à l’hôte et à l’environnement. La plupart des études de toxicité ont examiné les effets du plomb, chez les humains comme chez les animaux, sans prendre en compte les facteurs modificateurs concomitants. Ainsi, jusqu’à récemment, à l’exception de quelques études qui traitent de la vulnérabilité attribuée à certains polymorphismes génétiques, nous disposons de peu de connaissances à propos des modificateurs potentiels de l’impact du plomb sur les fonctions du système nerveux central. Pour autant, ces associations potentielles nous permettraient d’affiner les modèles animaux ou de mettre en place des cohortes mieux ciblées, mieux comprendre les mécanismes d’action et le risque pour la santé et éventuellement de développer des stratégies thérapeutiques comportementales adaptées.

Parmi les facteurs de risque susceptibles d’interagir avec l’exposition au plomb nous pouvons citer le stress psychologique. Actuellement, les expositions les plus élevées au plomb aux Etats Unis [3] sont supportées par les enfants en milieu défavorisé, de faible statut socio économique. Ces populations défavorisées présentent plus de troubles et de maladies, en comparaison aux populations plus riches, un phénomène attribué à un niveau de stress plus élevé et une augmentation chronique des niveaux de glucocorticoïdes dans le sang. Cette réponse au stress est médiée par l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS), le système qui coordonne la réponse physiologique au stress. Des études ont également montré que l’exposition au plomb peut produire des modifications permanentes de l’axe HHS. De plus, le plomb comme le stress agissent sur les circuits mésocorticolimbiques (une partie du cerveau) de dopamine et de glutamate (des neuromédiateurs), qui pourraient expliquer les effets communs d’après nos connaissances des interactions, y compris les dysfonctionnements cognitifs ou les déficits d’attention.

Le stress n’est pas en soi un événement nécessairement négatif. Il suscite une réponse physiologique aux menaces extérieures. Dans certaines circonstances il peut même avoir des effets positifs sur la mémoire et l’apprentissage en général. Il est actuellement reconnu que c’est l’équilibre entre la charge en stress et la capacité d’y répondre par des mécanismes de compensation, c’est-à-dire la charge allostatique, qui détermine les conséquences de l’agression.

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Notes

[1Quotient intellectuel

[2Aux Etats Unis le seuil est exprimé en μg/dl ; il est donc de 10 au lieu de 100 pour la France qui l’exprime en μg/l

[3C’est aussi le cas partout ailleurs dans le monde

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