Pollution dans l’air ambiant et effets négatifs à la naissance : enjeux méthodologiques dans un domaine émergent

Bien que les preuves qui lient la pollution de l’air ambiant avec la mortalité et la morbidité respiratoires se sont accumulées pendant 30 ans, les chercheurs ont commencé à explorer plus récemment d’autres types d’effets, sur le système cardiovasculaire ou la grossesse. La grossesse pourrait constituer une période particulièrement sensible aux polluants de l’air, du fait de la prolifération accrue, du développement des organes et du métabolisme fœtal qui change.

L’hypothèse de l’origine fœtale suggère que le retard de croissance et de développement in utero pourrait influencer non seulement la santé de l’enfant, mais aussi les risques de maladies du cœur, du métabolisme, y compris le diabète de l’adulte. Notre but ici est de soulever certains enjeux méthodologiques dans le domaine, sans faire nécessairement une revue exhaustive de la littérature, mais plutôt de tirer des enseignements de nos études en Californie du sud.

Le lien bien admis entre le tabagisme de la mère et les effets adverses à la naissance est en faveur d’un impact de la pollution atmosphérique sur la grossesse. Au cours de la décennie précédente des données de registres, comme les certificats de naissance, reliées à l’exposition définie par les systèmes de surveillance de la qualité de l’air, ont fourni une quantité croissante de preuves de l’effet délétère de la pollution atmosphérique sur le développement fœtal, exprimé par le faible poids à la naissance (LBW [1]), la petite taille pour l’âge gestationnel (SGA) et le retard de croissance intrautérine (IUGR), la prématurité et les défauts cardiaques à la naissance. Plus récemment, les chercheurs ont investigué la pré-éclampsie et les fausses couches spontannées, ces dernière étant potentiellement médiées par la fragmentation de l’ADN spermatique. Tous sles polluants réglementés et mesurés en routine, le monoxyde de carbone (CO), les particules en suspension (PM10 ou PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2), l’ozone (O3), le dioxyde de soufre (SO2), mais aussi les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), ont été reliés à divers degrés à l’IUGR, la plupart du temps dans des zones urbaines. Dans nos études réalisées en Californie du Sud, nous avons retrouvé des associations positives entre les expositions au CO et aux PM10, durant le dernier trimestre de la grossesse et le faible poids à la naissance. D’autres études ont montré des associations similaires. Remarquons que les études ne concernaient pas des régions fortement polluées comme celle de Los Angeles (moyennes de 34 µg/m3 pour les PM10 et 20µg/m3 pour les PM2,5, mais aussi des villes moins polluées comme le Massachusset et le Connecticut (22 µg/m3 and 12µg/m3, respectively).

Un nombre plus limité d’études a montré des associations entre la pollution atmosphérique et des défauts cardiaques à la naissance (défauts isolés des septa [2] et tetralogie de Fallot). De plus, certaines populations, femmes et fœtus, sont plus sensibles aux polluants atmosphériques, à cause de problèmes de santé pré existants ou la défaveur sociale qui peut conduire à des expositions environnementales ou professionnelles accrues et des comportements dangereux (mauvaise alimentation, tabagisme, consommation d’alcool).

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Notes

[1Nous conservons les abbréviations en anglais pour faciliter la lecture de l’article complet

[2Parois séparants les ventricules

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