Perturbateurs endocriniens et anomalies du déclenchement de la puberté

La puberté est caractérisée par des changements physiologiques rapides, comme un pic de croissance et de maturation des gonades et du cerveau. Elle recouvre la transition pour l’individu d’un état non-reproductif à un état reproductif. De plus, elle est reconnue comme une période de stress émotionnel et de vulnérabilité à des facteurs sociaux et environnementaux.

Durant les décennies précédentes, les tendances séculaires de la réduction de l’âge de la ménarche ont été mises en évidence. Ceci augmente le risque de grossesses précoces, mais aussi ce changement de timing influence le risque d’abus de substances addictives, de comportement anti-social, des troubles de l’alimentation et le stress émotionnel. La maturation sexuelle précoce a été associée à une prévalence plus élevée de tabac et d’alccol au cours de l’adolescence tardive. Cette période de transition vers l’âge adulte, particulièrement vulnérable, est finement réglée par des systèmes de régulation endocriniens. Des perturbateurs endocriniens ont été incriminés dans des processus physiologiques qui affectent la santé reproductive humaine et animale.

La surveillance des changements de l’âge du déclenchement de la puberté et du développement peuvent fonctionner comme une alerte précoce de l’atteinte de la fonction reproductive, au niveau individuelle ou de la population. En conséquence, nous allons insister sur les substances chimiques présentes dans l’environnement et ce que nous savons de leur impact sur la puberté et son évolution, en fonction de fenêtres critiques d’exposition.

Les processus physiologiques qui gouvernent le déclenchement de la puberté et l’évolution dans l’adolescence, ne sont pas bien connus. A côté de la composante génétique, les facteurs environnementaux influencent le début de la puberté. Alors qu’il y a une variation de 4-5 ans pour l’âge “normal” de début de la puberté pour les enfants sains, cet âge varie beaucoup entre groupes ethniques. Par exemple, cet âge est compris entre 8 et 14 ans pour les filles caucasiennes et peut descendre à 7 ans pour les filles afro-américaines. L’âge moyen au démarrage de la puberté chez les filles kikuyu au Kenya est de 13 ans, leur ménarche (premières règles) intervenant à 15,9 ans, ce qui est beaucoup plus tardif qu’aux Etats-Unis. Comme les filles d’origine afro-américaines, les hispano-américaines ont une probabilité accrue d’une ménarche avant onze ans, en comparaison aux filles blanches. Les filles asiatiques présentent une maturation plus fréquente au delà de 14 ans.

L’amélioration du statut nutritionnel et sanitaire entre le milieu du 19ème siècle et le milieu du 20ème siècle a été associé à une anticipation d’environ 3 ans de l’âge de la ménarche, aux Etats-Unis et certains pays européens, une tendance qui est plutôt considérée comme stabilisée. Cette tendance est confirmée par les résultats chez les enfants adoptés ou de migrants en provenance de pays en voie de développement. Le statut nutritionnel change à leur arrivée. Il est suivi par une phase de rattrapage en taille et en poids qui précède la maturation sexuelle. Par exemple, les filles indiennes adoptées par des familles suédoises entre 3 et 6 ans ont une ménarche plus souvent avant 10 ans que celles qui sont arrivées avant l’âge de 2 ans. Cette association, confirmée par des études internationales, n’apporte pas pour autant la preuve d’un lien causal.

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