Des individus et des contextes

Depuis les travaux de Fields, les facteurs individuels (variables démographiques et attitudes face au sources) côtoient les facteurs de situation (caractéristiques de l’environnement). Ces réactions de nature collective, peuvent être liées au contexte environnemental, social, culturel ou politique. La pollution sonore étant par nature un problème local, la gêne ressentie ne sera pas la même selon le contexte. Ainsi, la gêne n’est pas ressentie de la même façon dans un environnement urbain et dans un environnement rural, voire entre environnements urbains différents. On peut considérer que les zones de détente, les zones rurales où la nature est dominante, ou encore celles où la nature est particulièrement belle sont considérées comme des zones qui doivent rester vierges de nuisances. Le bruit y sera moins bien supporté. D’autre part, les gens réagissent généralement au bruit en fonction du niveau sonore auquel ils sont habitués : un même bruit sera jugé plus gênant par les habitants des campagnes, habitués à un environnement calme que par les citadins habitués à l’environnement bruyant des villes. Dans le cas des villes bruyantes où les gens sont exposés de façon chronique, l’adaptation au bruit fait que des modifications progressives du niveau de bruit (de 1,5 à 3 dB) ne seront pas perçus par la population.

D’autres auteurs notent qu’en zone rurale, les liens sociaux et les possibilités de faire face au bruit sont bien souvent moindre qu’en ville. Un environnement social de qualité aide les individus à faire face au bruit. Mais le bruit, en favorisant les comportements agressifs et en réduisant les contacts sociaux a un effet sur l’environnement social qui est alors d’un moindre soutien.

Grâce à la contribution d’études expérimentales, d’autres aspects des réactions individuelles ont été explorés. Elles ont mis en évidence que l’exposition à un bruit d’origine anthropique est plus qu’une simple exposition, c’est aussi une expérience sociale (TU M’exposes). L’évaluation sociale de la situation d’exposition influence l’évaluation du bruit et la gêne ressentie. Des analogies peuvent être établies avec la situation sur le terrain. Par exemple, les nuisances sonores d’une soirée sont mieux acceptées par les voisins lorsque l’organisateur a pris la peine de les informer et d’en discuter au préalable. En particulier, le sentiment de justice ou d’injustice a une influence sur la réaction des individus face aux diverses expériences sociale. Une mesure est généralement socialement jugée juste lorsqu’elle est transparente, qu’il existe des opportunités pour les individus de participer à la décision, si celle ci est appliquée de manière cohérente dans le temps, pour l’ensemble des individus et de manière respectueuse.
D’une manière générale, le sentiment de justice et d’équité a des effets positifs sur la satisfaction et sur le stress psychosocial. Il renforce la confiance dans les autorités et l’adhésion de la population aux politiques.

Dans le cas particulier de l’exposition au bruit, l’influence du sentiment de justice ou d’injustice de la situation d’exposition et des mesures de gestion du bruit sur la perception du bruit et la gêne ressentie a été mise en évidence lors d’expériences en laboratoire. La gêne exprimée est plus importante lorsque l’exposition n’est pas celle à laquelle s’attendent les individus, à l’inverse, pour des expositions à des niveaux sonores élevés, la gêne est moindre lorsque les individus exposés ont eu la possibilité de s’exprimer par rapport à l’exposition.

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