Les bruits et leur influence sur la satisfaction environnementale

Nous avons longuement insisté sur l’importance des facteurs contextuels sur la gêne due au bruit. Une autre façon d’obtenir des facteurs de configuration locale est illustrée par une étude qui modélise l’ambiance sonore en fonction d’indicateurs urbains par une approche de réseaux d’intelligence artificielle. Les variables classées par le modèle selon leur impact décroissant comprenaient : le volume de trafic local, la surface moyenne du logement, la forme des blocs (bâtiments) et la densité du bâti (surface construite/surface totale de l’unité urbaine). Notons toutefois que les deux cas précédents ne font que nuancer les modèles prédictifs, en introduisant notamment des paramètres qui relèvent plus de la modification locale de la propagation du bruit.

Jusqu’à présent nous n’avons abordé que des approches que l’on pourrait qualifier de traditionnelles, au mieux des adaptations de celles-ci. Pourtant, la littérature récente montre d’authentiques nouveautés, à la fois sur les concepts et les méthodes. Nous ne pouvons ici que les esquisser. La notion même de paysage sonore révolutionne notre vision basée sur les seules nuisances sonores. Elle implique que l’on tienne compte simultanément des niveaux sonores (pression physique), mais aussi des expériences personnelles subjectives et multifactorielles (mélange de sons pouvant être jugés agréables ou « stressants »). Nous retrouvons encore la nécessité de croiser différentes approches disciplinaires. Un bon exemple est fourni par une étude dont le titre est évocateur : A l’écoute des paysages sonores urbains : Validité physiologique des dimensions perceptuelles. Le protocole mis en œuvre consistait à mesurer les réponses individuelles sur le rythme cardiaque (cardiogramme) et l’activité de certaines aires du cerveau, grâce à l’IRM fonctionnelle. Les sujets étaient soumis à des paysages sonores urbains, qualifiés de naturels, dans la mesure où il s’agissait de différents enregistrements représentatifs d’environnements urbains (parcs, marchés, centres commerciaux, etc.), associant des sons a priori plaisants (p.ex. un orchestre de rue) ou déplaisants (le bruit d’une scie sauteuse). Les participants devaient évaluer le caractère plaisant ou la sonorité3. L’accélération cardiaque, l’activité cérébrale et les aires activés sur l’imagerie ont été enregistrées pour 16 participants. Il ne s’agit pas ici d’accorder plus d’importance qu’il ne faut à cette étude, d’autant plus qu’il aurait fallu explorer un nouveau domaine qui ne faisait pas partie de la commande. Nous souhaitons en revanche appuyer sur le potentiel de ces méthodes pour départager, sur des bases physiologiques et dans des conditions expérimentales, des paysages sonores représentatifs de la réalité. Les différences observées sur le rythme cardiaque et l’activation cérébrale en fonction du caractère plaisant du stimulus et non de sa sonorité méritent notre attention et confirment l’importance de la dimension émotionnelle par rapport à la dimension physique (volume ou intensité).

Nous pouvons enfin nous positionner sur un plan plus stratégique, en essayant de définir la contribution de la psychologie de l’environnement dans la conception de formes urbaines, visant la qualité de vie. En d’autres termes, dans une perspective d’aide à la décision et de bonne gestion des facteurs de risque ou nuisances, comment prendre en compte la qualité objective de l’environnement en même temps que l’expression de satisfaction vis-à-vis de celle-ci par les populations concernées ? Dans le cas présent, certains proposent de revisiter la notion de congruence personne-environnement, élaborée déjà dans les années 60-70, dans une optique de consolidation de la soutenabilité. Nous retrouvons ainsi les notions de satisfaction résidentielle et de peur ressentie pour les conséquences sur la santé, du fait des nuisances environnementales, le bruit n’étant qu’une des composantes, mais parmi les plus répandues en situation urbaine.

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