Rome : une histoire pas si facile à circonscrire

Les fouilles archéologiques ont mis à jour des traces d’occupation du site de Rome dès l’âge du bronze, au second millénaire AC. Pour autant, la fondation mythique de Rome, par Romus et Remulus est située en l’an 753 AC. Actuellement, la tendance est à considérer que l’acmé de Rome débute avec l’établissement de la République en l’an 509 AC. Un autre jalon pourrait être l’abolition de la République et l’instauration de l’Empire par Auguste (29 AC), car c’est sous son règne que le territoire romain couvre tout le pour-tour de la Méditerranée, d’où son appellation désormais de Mare nostrum.
N’oublions pas qu’il ne s’agit pas simplement d’en reconstituer l’histoire, mais bien de rechercher les éléments qui nous aideraient à comprendre les transitions associées. En tant que période charnière, nous prenons d’habitude celle qui va de la fin du 1er siècle AD, jusqu’à l’an 180, environ (accession au pouvoir de Commodus) [1]. En réalité, déclin ou pas à partir de la fin du 2ème siècle, jusqu’à l’ère de Justinien (527-565) [2], Rome montre de remarquables capacités de résilience, ne serait-ce que par la récupération après deux épisodes majeures de pandémies et l’extraordinaire mortalité (et désorganisation publique) qu’elles ont entrainé. Vers l’an 650 AD, l’empire n’est plus que l’ombre de lui-même, cédant de vastes territoires orientaux aux forces venues d’Arabie et subissant les attaques récurrentes des royaumes germaniques, à l’Ouest. Sa population est aussi réduite de moitié [3].
Plutôt que de rechercher les chocs extérieurs subis par Rome et qui ont fini par l’abattre définitivement, nous pouvons aussi nous demander ce qui lui a conféré cette résilience sans équivalent dans l’histoire. Plusieurs questions se posent et nous n’avons pas l’ambition de répondre à toutes. 1) Comment Rome a résisté à des crises de type malthusien (croissance de la population plus rapide que le développement des ressources nécessaires à leur survie - notamment alimentaires) ? 2) Comment a-t-elle réussi à contrôler un si grand territoire, peuplé d’une énorme diversité de populations, normalement capables de se soulever à la moindre occasion ? Nous ne pouvons ici que louer leur exceptionnel art de gouvernement et d’administration, fait d’une centralisation souple et laissant suffisamment d’autonomie aux provinces, pour les affaires économiques, politiques et militaires, sans gréver les ressources pour maintenir une armée démesurée. Nous pourrions parler avec notre vocabulaire moderne, d’une excellente capacité d’intégration de populations pourtant culturellement très diverses. De plus, Auguste a instauré des règles de succession souples, qui ne se basaient pas sur la stricte filiation. Ainsi, les empereurs pouvaient provenir de différentes provinces, en fonction des besoins conjoncturels.
Enfin, du point de vue de la gestion des ressources alimentaires, nous pouvons souligner la diversité des zones écologiques couvertes par le territoire (du 56ème au 24ème parallèle N, couvrant non seulement des plaines d’Europe, mais aussi la région du Nile et les hauts plateaux éthiopiens, arrosés par les moussons.

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Notes

[1L’historien de Rome, Gibbon, qualifie la période d’une des plus heureuses que l’humanité a connu

[2Il est reconnu que la population peuplant l’empire s’était reconstituée, proche du maximum d’environ 75 millions d’habitants, soit de l’ordre du quart de la population mondiale

[3Rome qui avait atteint le million d’habitants à son apogée, n’abrite plus qu’environ 20000

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Zones bioclimatiques du territoire de l’empire romain à son apogée
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