Rome : éléments de vulnérabilité et constat de résilience

Pour bien aborder cette section il nous faut réunir les différents éléments mis en place dans les pages précédentes, l’évolution historique de l’Empire, son développement, mais aussi les circonstances climatiques et les pandémies. Pour comparer le degré de développement, nous pouvons utiliser l’étendue du territoire, mais aussi la taille de la population. Le territoire n’a jamais été stabilisé, des escarmouches pour ne pas dire des attaques ouvertes étaient subies en permanence. L’imposition de la Pax romana était certes un fait, mais les conflits aux frontières n’ont jamais cessé. En conséquence, le niveau de la population reste le seul proxy pour estimer la croissance, l’impact des chocs et l’éventuelle récupération. Mais, nous pouvons remarquer l’illusion produite par notre attachement à d’hypothétiques équilibres. Ceux-ci sont dynamiques, ils sont en permanence sous tension, introduisant comme des pulsations (extension puis rétrécissement) au niveau de l’étendue couverte, sous les diverses influences, naturelles, sociales, politiques...
Estimée à environ 60 millions, pendant le règne d’Auguste (début de l’Empire), la population a connu une croissance importante, pour atteindre les 75 millions juste avant que la première pandémie ne frappe. Nous avons vu que pendant le règne de Justinien, la population était réduite de moitié, avant de subir les conséquences de la 3ème pandémie.
Pour revenir à l’exceptionnelle résilience de l’empire romain, il faut intégrer l’étendue des zones bioclimatiques qu’il couvrait, permettant d’atténuer les impacts de la variabilité du climat. Aujourd’hui, la région qui était un des greniers de Rome, en Afrique du Nord, est devenue quasi-désertique. La longévité de l’empire, qui a traversé des retournements de la conjoncture climatique (attention les variations de la température moyenne restaient faibles), ne peut que nous surprendre. Les arts militaires et de gouvernement, les règles de succession souples qui n’ont pas empêché les multiples révolutions de palais peuvent être soulignés. Et pourtant l’empire a clairement récupéré malgré le passage de deux pandémies.
Une dernière remarque. L’empire croupion, une fois amputé de sa partie orientale vers la fin du 7ème siècle, va persisté tant bien que mal jusqu’en 1453 et la victoire définitive des ottomans qui conquirent la capitale, Constantinople. Nous disposons d’un compte-rendu unique, fait par un général-émissaire de Byzance, envoyé en Occident pour rendre compte de ce qui s’y passait, vers l’an 1450. Il est sans appel, ce que le général Vyssarion a vu en occident, les nombreux moulins, les cheminées qui fument, les ateliers et premières manufactures, les villes qui grouillaient d’activité, n’avaient aucune contre-partie dans la part orientale. En somme, la différence de développement (technique, social et intellectuel) entre l’occident et l’orient étaient tellement criantes, que nous pouvons bien situer l’effondrement de Rome au tournant des 7ème et 8ème siècles.

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