L’une des caractéristiques essentielles des biens d’environnement, longtemps considérés comme des biens libres, est que leur propriété n’est pas, ou mal, définie. « La Tragédie des Biens Communs » (« The Tragedy of the Commons »), titre de l’article d’un écologiste, G. Hardin, paru dans la revue Science en 1968 [1], décrit les conséquences dramatiques de la pratique des vaines pâtures en Angleterre au Moyen Âge. Dans ces pâturages accessibles librement à tous - il s’agit d’une communauté de droit - chaque berger a intérêt à accroître son troupeau. Il s’en suit une surexploitation conduisant à l’épuisement de la ressource et à sa perte pour l’ensemble des utilisateurs. Le même phénomène se produit lors de l’utilisation des biens d’environnement collectifs dont la quantité et la qualité se sont raréfiées ; la surexploitation de la fonction de réservoir de résidus des écosystèmes est à l’origine des pollutions.
Dans une économie marchande, cette absence de droits de propriété sur des ressources devenues rares est une source inévitable de gaspillage, et pour certains, elle est la cause fondamentale de leur dégradation. En puisant dans la ressource, chaque utilisateur crée un dommage aux autres et à lui-même. Le dommage, ou effet externe négatif, est le même pour tous - c’est une externalité publique, chacun en est la cause et la victime. La pollution, comme la plupart des questions environnementales, est donc due à des externalités qui résultent de l’absence de droits de propriété établis, reconnus et appliqués, sur l’environnement.
C’est en tenant compte de ces caractéristiques qu’une action peut être le plus efficacement définie. Un des choix fondamentaux dans une économie de marché, où secteurs public et privé se partagent la tâche de maximiser le bien-être de la collectivité (optimum collectif), est de déterminer ce qui relève de l’offre publique et de l’offre privée. L’offre de qualité d’environnement soulève aussi ce problème de choix, l’arbitrage devra tenir compte des deux principaux critères que sont l’ efficacité et l’ équité . On n’oubliera également pas que cette recherche de qualité peut être coûteuse.