Une Société faite de relations

A partir du mois de février, l’étude des groupes sociaux et de leurs interactions sera au programme. Ici, nous abordons quelques éléments caractéristiques de l’approche que nous utilisons, qui s’écarte radicalement de l’économicisme, de l’individualisme méthodologique et des théories dites de l’action rationnelle [1]. En d’autres mots, pour faire société on pourrait difficilement se limiter à des rapports contractuels intéressés entre individus poursuivant leurs intérêts propres, mais tenir compte de l’ensemble des liens (pas nécessairement stables) qui se forment dans la société et qui sont à l’origine de ce que nous appelons cohésion sociale. La société des individus est une fiction économiciste. Une manière de s’en débarrasser serait de nous intéresser aux diverses relations au sein du corps social. La Société devient alors un réseau d’interdépendances, impliquant actions et rétroactions entre groupes sociaux qui formeraient les nœuds, auxquels des individus adhèrent.
Sauf que, on ne peut se contenter de les lister, de les poser. Les relations sont des tensions et peuvent être vécues comme des rapports de coopération, voire d’entraide ou à l’inverse de domination. Nous verrons alors comment nous pourrions les étudier, dans des situations réelles, non pas en tant que telles (de l’extérieur), mais par leurs manifestations et les récits de l’expérience de populations qui y sont soumises. Encore faut-il vouloir les écouter.
Une bonne façon d’essayer de comprendre ce changement de regard, serait aussi de discuter ce que l’on cherche à éviter. Le discours majoritaire ne reconnait que les approches fondées sur l’utilité et les préférences individuelles associées. Nous les mettons de côté. Les pratiques sociales, forcément collectives (être usager du vélo ou de la voiture, consommateur de bio ou étudiant de l’UVSQ...), associées à tout groupe social, quels que soient les motifs à son origine, seront nos objets. Ces pratiques et les collectifs mouvants qui les portent sont insérés dans la fabrique sociale et exercent ou subissent des tensions. Ils peuvent même lutter pour toutes sortes de raisons, matérielles ou symboliques (prestige p.ex.). Une autre distinction importante concernera la notion de valeur, que nous n’abandonnons pas au marché (il n’en est pas l’unique origine, comme le prétend l’économie classique). Comme l’a montré l’anthropologie, ce serait des valeurs qui créent des univers et motivent des modes de vie, pas la quête de l’utilité matérielle. Enfin, nous ne parlerons plus simplement de catégories d’acteurs ou parties prenantes, en occultant le différentiel de pouvoir ou d’influence (pouvoir symbolique).
Nous adoptons une représentation relationnelle de la société qui nous amènera à d’autres questionnements, par exemple, en lien avec la justice sociale, que nous découvrirons être un déterminant fondamental de la santé [2]. La mention des rapports de domination pointait déjà dans la même direction.

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Notes

[1N’hésitez pas à vous reporter vers les pages Wikipédia correspondantes, pour ceux qui rencontrent les termes pour la première fois

[2L’approche par les déterminants, qui a émergé dans les années 1970-80, sera traitée à partir du mois de février

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