Théories de la décroissance et pollution : limites et apports

Dans cette optique, il est tout à fait concevable que le capital investi dans des technologies respectueuses de l’environnement continue à rapporter et que sa rémunération augmente pour l’essentiel en fonction du progrès technique.

De même, le travail effectué dans les activités protégeant le mieux l’environnement peut connaître une rémunération croissante, non seulement en fonction des techniques productives, mais également en fonction de l’attente de la société qui s’exprime par la demande. Pour illustrer cette relation simplement, referons-nous à la situation suivante, où une partie des nouveaux emplois créés se trouve dans la conservation de la nature. Imaginons une société où tous travaillent comme gardiens de réserves naturelles : leurs salaires sont assurés si une demande consent à débourser le prix d’entrée aux réserves naturelles ainsi créées. Au lieu d’assister a un phénomène de décroissance, l’économie continue à croître en termes de valeur ajoutée sans qu’il y ait forcement une dégradation inéluctable de l’environnement. Pour en arriver à ce résultat, il suffit que les préférences des consommateurs pour un environnement intact se renforcent significativement.

Mais la prise de conscience qui a eu lieu dans les années 1960 a laissé des traces. Même si l’exigence de la décroissance est excessive, elle a néanmoins pesé sur les reformes de la régulation sociale. Il existe une nouvelle législation environnementale. Un domaine nouveau du droit s’est ouvert. Nous assistons à la mise en place de nouvelles normes , de standards et de mesures économiques pour protéger l’environnement. De plus en plus d’entreprises y voient également de nouvelles opportunités. Ces reformes s’introduisent lentement et montrent que graduellement l’objectif de la croissance économique change de contenu ; elles sont engagées à large échelle et vont forcement s’amplifier. Ce n’est pas en ne faisant rien – ou pas assez dans le court terme – que l’on va tout à coup bâtir une organisation sociale s’inscrivant dans le long terme ayant parfaitement intégré la protection de l’environnement. Nos pratiques sociales changent progressivement et s’adaptent donc aux nouveaux enjeux.

Les systèmes économiques et sociaux étant des systèmes ouverts, se renouvelant sans cesse, la thèse de la décroissance ne peut par conséquent être retenue comme seule solution, car la croissance économique peut parfaitement contenir des activités qui changent son sens et son contenu. Surtout que les activités économiques connaissent déjà à l’heure actuelle un fort contenu immatériel, qui augmentera sans doute encore à l’avenir.

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