Question sur : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre ! En réponse à :

Sujet : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre !

R�pondu le mercredi 29 juillet 2015 par Senou Kossi Tohouenou

Avant les années 1977 de façon générale et 1976 particulièrement en France, les problèmes liés à l’amiante étaient à tort sous-estimés ; à tort puisque dans la littérature internationale, existaient dès les années 1950 et 1960 des publications des pays anglo-saxons révélant un certain nombre de cancers liés à l’amiante. Mais malgré la trompète solennelle reconnue des années 1977 sur l’effet cancérigène de l’amiante pour l’homme, une sorte de dormance ne va conduire à son interdiction qu’en 1997. Les principales raisons d’un tel retard sont liées à une mauvaise analyse coûts-bénéfices due à une certaine ignorance sur la gravité sans seuil de l’amiante, sa sous-estimation, un penchant pour les bénéfices et une négligence des conséquences sanitaires. Toutefois, des arguments sont avancés dans l’audition de Martine Aubry :

-  « Pourquoi n’a-t-on pas alors interdit ce produit ? Parce qu’il y a aujourd’hui des milliers de produits toxiques et des dizaines de produits cancérigènes dans les entreprises comme dans notre cuisine ou notre salle de bain, si je puis dire, et que tout le problème est de savoir si, à tout moment, nous faisons bien en sorte que l’usage tel qu’il en est réalisé met totalement à l’abri les consommateurs, les utilisateurs et les salariés des risques qu’ils peuvent entraîner ». De part ces propos, nous pouvons dégager une sous-estimation du risque potentiel que représentait l’amiante. La situation était comparée à celle d’autres produits toxiques qui existaient déjà dans la vie courante. On pense alors qu’avec des mesures de gestion, on peut éviter le mal tout en profitant des bienfaits de l’amiante.

-  « …car toutes les études le disaient, que nous pouvions, en prenant des précautions d’usage et de manipulation et en faisant en sorte que les salariés ne soient pas au contact avec les fibres d’amiante, exclure totalement le danger pour la santé des salariés… ». Par ces mots, on peut souligner une carence d’informations scientifiques puisque dans la suite, on prétend à une réduction des seuils d’exposition pour préserver la santé : «  Il y avait eu à cette époque une conférence sur l’amiante au cours de laquelle on n’avait pas du tout parlé d’interdiction, évidemment, mais on avait dit qu’il fallait fixer le nombre de fibres dans l’air ». On peut également souligner l’expression «  doses extrêmement importantes  » à éviter ; or les produits cancérigènes sont sans seuil d’effet. Martine Aubry reconnait en effet cette cause lorsqu’elle déclare : « mais il s’agissait aussi pour nous d’un problème de connaissance ».

-  Du fait que les anglais interdisaient déjà l’amiante avant 1977, à parler comme Pr M. Goldberg, «  aucun pays ne pouvait alors prendre de décision sans disposer de données médicales et scientifiques à ce sujet ». Il y avait eu donc un problème de veille et alerte sanitaire à ce sujet par manque de structure formelle comme pouvait le signaler Aubry par ces mots : « je crois que c’est le fondement même du ministère du travail : il a été créé pour protéger les salariés, à condition, évidemment, d’être saisi des risques par le ministère de la santé, le ministère de l’industrie ou la recherche, ce qui est évidemment essentiel ».


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