Question sur : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre ! En réponse à :

Sujet : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre !

R�pondu le mardi 25 janvier 2011 par Malergue Christelle

En 1977, le pouvoir cancérigène de l’amiante est reconnu par l’OMS.
Le 17 août 1977 en France a été pris un décret prévoyant un dispositif détaillé de prévention et, notamment, une obligation de contrôle de l’atmosphère de travail à la charge de l’employeur, afin de vérifier si la concentration moyenne de l’air en fibres d’amiante ne dépasse pas une valeur limite d’exposition. Ce décret constitue donc une véritable obligation particulière de prudence et de sécurité au sens du code du travail.
D’après l’audition de Martine Aubry, au ministère du travail à l’époque, les autorités étaient convaincues de protéger les salariés du risque cancérigène en prenant quelques mesures de précaution (aération et respect d’une valeur de concentration, usage d’un masque…). Extrait ci-dessous :
« Nous étions très fiers de ce décret car nous pensions que nous étions très en avance - nous l’étions d’ailleurs - par rapport aux autres en matière d’amiante et nous étions absolument convaincus, car toutes les études le disaient, que nous pouvions, en prenant des précautions d’usage et de manipulation et en faisant en sorte que les salariés ne soient pas au contact avec les fibres d’amiante, exclure totalement le danger pour la santé des salariés. Ce n’est d’ailleurs pas seulement sur l’amiante mais sur beaucoup d’autres produits que ce raisonnement a toujours été appliqué, non seulement en France mais dans l’ensemble des pays »
« En 1977, convaincu que le danger potentiel de l’amiante venait de l’inhalation de poussières, on a pensé - à tort, on le sait aujourd’hui - pouvoir l’écarter en définissant les conditions de manipulation et d’utilisation du produit et en réduisant le seuil d’exposition des salariés en dessous du niveau que l’on pensait sans risque. »
Au-delà du texte promulgué, il semble que l’application réelle de ces mesures sur le terrain n’aient pas forcément eu lieu.
En termes économiques, il y avait un conflit d’intérêt certain entre l’utilisation de l’amiante en France, notamment dans le secteur du BTP qui est bien développé dans notre pays, et la protection de la santé publique.
La protection des emplois, d’une industrie forte pèsent lourd dans la balance.
La sensibilité aux risques, surtout chroniques, n’était pas la même à l’époque. De plus le délai de déclanchement du cancer du mésothéliome par rapport à l’exposition a certainement contribué à ralentir l’interdiction de l’amiante.
Les carrières principales d’amiante étaient la Haute Corse et La Nouvelle Calédonie. Les accords de Matignon n’existaient pas encore. On a cherché également à préserver les intérêts économiques, les sources de revenus de la Corse et à ne pas chercher trop de complications avec cette région au caractère « indépendantiste ».
Le lobby de l’amiante était puissant, et commandait également ses propres études, pour mettre de la confusion dans les esprits et contredire des études scientifiques qui n’auraient pas été dans leur sens.
Les arguments possibles sont encore utilisés par le Canada aujourd’hui : en dessous d ‘une certaine valeur d’exposition, les travailleurs sont protégés, on peut utiliser l’amiante de façon « sécuritaire » en prenant des mesures de protection appropriées, et tous les types d’amiante n’ont pas la même dangerosité en fonction des caractéristiques des fibres.


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