Question sur : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre ! En réponse à :

Sujet : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre !

R�pondu le lundi 9 juillet 2012 par Kerboua Faycal

Les arguments avancés sont assez classiques : limites des connaissances scientifiques sur le sujet à l’époque, en particulier sur les effets aux faibles doses, avec le délai d’apparition de la maladie ; manque de produits de substitution et doutes quant à leur innocuité ; manque de réactivité des donneurs d’alerte (sous-déclaration comme maladie professionnelle) et manque de moyens de la médecine du travail. S’y ajoutent des éléments contextuels comme l’absence d’un organisme public chargé des risques sanitaires en milieu professionnel (l’INVS n’étant créé qu’en 1998).

Certains de ces arguments semblent particulièrement inappropriés, s’agissant d’une substance dont le caractère cancérigène était déjà bien documenté.

1- En 1977, convaincu que le danger potentiel de l’amiante venait de l’inhalation de poussières, on a pensé - à tort, on le sait aujourd’hui - pouvoir l’écarter en définissant les conditions de manipulation et d’utilisation du produit et en réduisant le seuil d’exposition des salariés en dessous du niveau que l’on pensait sans risque.

**** Ceci traduit une fuite en avant des responsabilités de l’Etat et des pouvoirs publics ajouté à l’inconscience des entreprises.

2- Prétendre que les mesures prises en 1977 (abaissement des valeurs d’exposition professionnelle, interdiction du flocage dans les immeubles d’habitation) plaçaient la France en pointe de la réglementation.

**** le système français de santé au travail ne brille pas par sa réactivité. Dois-jerappeler que la première réglementation relative à la protection des travailleurs britanniques contre l’amiante date de 1931 ? Aucun pays ne pouvait alors prendre de décision sans disposer de données médicales et scientifiques à ce sujet. J’ai du mal à imaginer que celles sur lesquelles nos collègues britanniques ont travaillé n’aient pu traverser la Manche ! La première réglementation française date de 1977. Un tel écart laisse songeur. Il ne trouve cependant pas seulement son origine dans un très faible niveau d’information scientifique. Les données scientifiques sont, en effet, universelles et sont publiées par les voies habituelles auxquelles les scientifiques recourent pour communiquer sur leurs travaux (Professeur Marcel Goldberg )

3- j’entends dire : « « C’était cancérigène, cela aurait dû être interdit », je réponds que l’on interdirait beaucoup de choses dans notre pays.(Martine Aubry)

**** Elle affirme donc que l’amiante n’était pas le seul produit cancérigène/dangereux circulant librement en France. Il revient aux décideurs publics de recourir au principe de précaution en cas de risque avéré mais pour lequel la science n’a pas encore apporté toute la clarification. Le principe de précaution dans ce cas serait d’interdire l’amiante, d’autant plus des données de toxicité existaient déjà sur le plan international

4- Il y a aujourd’hui des milliers de produits toxiques et des dizaines de produits cancérigènes dans les entreprises comme dans notre cuisine ou notre salle de bain.

**** Il s’agit là de propos irresponsables, comme quoi le principe n’était pas de limiter le risque pour la population mais de l’augmenter. L’état est responsable de la gestion de risques globaux sur un territoire pour une communauté.

5- Je pense que l’un des problèmes majeurs de l’amiante, qui n’a pas permis de l’interdire plus tôt, c’est le décalage entre le début de l’exposition et l’éventuelle maladie professionnelle.(Martine Aubry)

**** Madame Aubry répond elle-même : si on pense qu’il y a un risque malgré les protections, on doit interdire et nous ne l’avons vu, malheureusement, que beaucoup plus tard (ceci montre que le risque était signalé, mais il a été sous estimé et minimisé.

6- "l’utilisation raisonnée de l’amiante" : L’amiante est utilisée par de différents secteurs, par de différents métiers et dans de nombreux produits. Donc on trouve que l’expression "utilisation raisonnée" semble être illogique, cela fait pensé qu’il y avait une forte action de lobbying en faveur de l’industrie de l’amiante qui a été menée par le Comité Permanent Amiante (CPA) Composé de scientifiques et de représentants du gouvernement (Quatre anciens dirigeants du Comité Permanent Amiante vont devoir répondre à la justice, accusés d’avoir fait du lobbying pour les industriels et d’avoir retardé l’interdiction de l’amiante, qu’on savait pourtant mortelle.). Ce lobby a tenté de démontrer dans plusieurs rapports, qu’un usage contrôlé du l’amiante ne serait aucunement nocif pour la santé.


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