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Sujet : Quel place pour l’INRS ?

R�pondu le dimanche 23 janvier 2011 par Valbrun Jean

L’INRS est une structure de droit privé financé par les fonds de la branche des maladies professionnelles et accidents du travail et sécurité sociale, chargé de manière informelle de l’évaluation des risques professionnels.

En 1982, l’ « Association française de l’amiante » qui regroupe les industriels de l’amiante crée le Comité Permanent Amiante (CPA), qui regroupe patronat et syndicats, chargé de la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. La paternité en revient à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Ce comité groupe informel, sans pouvoir et sans statuts, va orienter la politique sanitaire française pour l’amiante.

Un membre du comité a reconnu s’être fait piéger : « on ne sait pas faire sans amiante » … « tout le monde croyait les industriels ».

Ce comité, dont le financement sera entièrement dépendant des industries, comprendra aussi des délégués des principaux syndicats qui défendront longtemps l’usage de l’amiante au nom de la préservation de l’emploi.

Pendant douze ans, la politique en matière d’amiante sera entièrement confiée à ce comité avec la complicité d’un État Français singulièrement passif.

• 1986 : lorsque les États-Unis envisagent d’interdire l’amiante, la France intervient pour émettre un avis négatif, fondé sur un rapport du Comité permanent amiante. Et quand, poussée par l’Allemagne en 1991, la Communauté européenne s’interroge sur une interdiction pure et simple de l’amiante, le CPA procède de nouveau à un intense lobbying dans les couloirs de la Commission afin d’empêcher toute prohibition, de concert avec le lobby canadien.

• En 1991, la Communauté européenne s’interroge sur l’interdiction mais la France, aidée par un lobbying intensif du Comité Permanent Amiante, contribuera grandement à geler la situation.

• En 1994, la mort de six enseignants au lycée de Gérardmer (Vosges) relance le débat sur l’amiante et à Jussieu une nouvelle génération de chercheurs s’inquiète de la présence de l’amiante. Michel Parigot, responsable du Comité anti-amiante de Jussieu déclare : « nous avons été confrontés au Comité Permanent Amiante très rapidement et l’existence de ce truc m’a sidéré ; quand on téléphonait au ministère de la santé, on tombait sur quelqu’un de ce "comité" qui nous répondait : Il y a plus de risques sur le périphérique que dans votre université. Nous avons très vite compris que cette structure n’avait réussi à fonctionner aussi longtemps que parce qu’elle n’avait pas été dénoncée publiquement. C’est le genre de choses qui ne supportent pas la lumière. »

Compte tenu du statut de l’INRS et de ses sources de finacement, on se trouvait devant un double scandale. C’est incroyable de penser que l’état ait pu se laisser piloter si longtemps et jusqu’à présent par une structure informelle dépendante.


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