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Sujet : L’accumulation des médicaments dans les effluents pose des problèmes !

R�pondu le vendredi 21 janvier 2011 par Assani Bilkiss

Le nombre de pays disposant de stations d’assainissements (STEP) est très faible et que, même dans les pays économiquement développés, la fiabilité des installations n’est pas toujours garantie surtout dans les petites communautés. Notons également qu’il existe de vastes zones d’assainissement individuel ou autonome lorsqu’il n’est pas possible de raccorder des habitats dispersés à un réseau collectif et ces micro installations produisent des effluents de qualité sommaire, très variable et non contrôlée. Les stations d’assainissement ont été conçues pour retirer des eaux des masses de contaminants naturels ou anthropiques caractérisés par des paramètres analytiques globaux tels que l’azote total, le phosphore total, la demande chimique en oxygène (DCO), la demande biologique en oxygène (DBO) ou les matières en suspensions (MES). Rien dans les cahiers des charges ne spécifie aux STEP de devoir garantir l’élimination spécifique de molécules ciblées sachant que les égouts (malheureusement encore appelés tout à l’égout) recueillent tout ce que les populations, les établissements de soins, les locaux industriels ou municipaux, les commerces et petites industries peuvent y déverser. La liste des substances indésirables serait ainsi beaucoup trop longue et le contrôle impossible à réaliser d’autant que les concentrations individuelles détectées se situent parfois à des niveaux très faibles au sein d’une matrice organique très chargée. De plus, l’élimination des contaminants de l’eau est extrêmement variable selon leur biodégradabilité, leurs caractéristiques d’hydrophobicité ou de volatilité. Par ailleurs, si la substance a été retirée de l’eau, elle peut subsister adsorbée ou absorbée dans les boues et il conviendrait de vérifier l’absence de contamination avant épandage afin de ne pas polluer le terrain receveur, la flore et la faune locales. Le coût engendré par une optimisation des STEP pour l’élimination de traces de molécules indésirables est considérable et pourrait conduire à réaliser des filières technologiques proches de celles utilisées en production d’eau potable ce qui est économiquement irréaliste. La prévention passe donc par une stratégie visant à limiter les rejets de composés jugés comme les plus dangereux pour l’environnement et pour la Santé Publique. Ceci nécessite une analyse du risque très complète incluant l’impact environnemental et sanitaire des molécules mises sur le marché et une analyse de la balance bénéfice-risque pour les actions envisagées.
La surveillance des milieux implique l’analyse des médicaments et de leurs métabolites. Elle permet d’établir la spécificité du problème car les métabolites, en général beaucoup plus hydrophiles que les molécules-mères, sont plus difficiles à extraire et sont très peu étudiés. Il existe donc vraisemblablement une sous-estimation de l’évaluation des quantités présentes dans les eaux et des risques correspondants pour l’environnement et pour l’homme. L’évaluation des effets est en réalité un exercice extrêmement difficile en raison de la diversité des molécules et donc des mécanismes d’action, d’autant plus que les effets ne sont pas spécifiques d’une molécule. Dans ce cas, l’utilisation de tests qui permettent de mesurer l’effet de mélanges de substances est indispensable, avec des limites de spécificité médicamenteuse. Les nombreux mécanismes d’action possibles et d’effets secondaires des médicaments, font que le nombre total de tests d’effets biologiques, par ailleurs non spécifiques des médicaments, serait trop élevé pour mener une surveillance des milieux et des rejets à un coût acceptable. Les interprétations sont également difficiles lorsqu’on souhaite anticiper un effet chronique pour de très faibles doses absorbées. Il est alors indispensable d’établir une stratégie d’ordre prioritaire pour la mise en place de ces tests. De plus, pour beaucoup de substances, la connaissance des mécanismes d’action et des effets attendus sur les écosystèmes est embryonnaire pour ne pas dire inexistante. Le manque de connaissances sur les effets et les mécanismes d’action des médicaments sur les composants de l’environnement devrait inciter les pouvoirs publics à aider la recherche pluridisciplinaire sur ce thème et les chercheurs à travailler ensemble de façon pragmatique dans les deux directions que sont la caractérisation chimique et l’approche d’un criblage consensuel pour évaluer les effets toxiques aux faibles doses.
Les pouvoirs publics devraient :
• Soit investir dans la recherche afin de catalyser un effort concerté entre les chimistes environnementaux et les écotoxicologues pour surveiller les niveaux de contamination, l’efficacité des stations d’épuration et mieux établir les conséquences environnementales de la présence de résidus de médicaments et en déterminer l’origine.
• Soit investir dans la mise en place et/ou l’amélioration des STEP afin d’éliminer tous les polluants présents dans les eaux sans distinction des rejets des composés jugés les plus dangereux


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