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Sujet : L’accumulation des médicaments dans les effluents pose des problèmes !

R�pondu le mercredi 27 avril 2011 par Ehouo Akossi Yves

CONSTAT DE LA CONTAMINATION
Grâce aux progrès de l’analyse physico-chimique, la présence de traces de substances médicamenteuses et de leurs dérivés ou métabolites a été largement établie à l’échelle mondiale en particulier dans les eaux superficielles et souterraines, dans les eaux résiduaires, dans les boues des stations d’épuration utilisées en épandage agricole et dans les sols. Ces résidus s’ajoutent aux nombreuses substances non médicamenteuses liées aux activités humaines, également présentes dans l’environnement telles que les produits phytosanitaires, détergents, hydrocarbures, métaux, etc.
Selon les substances médicamenteuses et les différentes catégories d’eau, les concentrations retrouvées varient dans une gamme allant du nano gramme par litre dans les eaux superficielles douces ou marines, les eaux souterraines et les eaux destinées à la consommation humaine, jusqu’au microgramme, voire à plusieurs centaines de microgrammes par litre dans les effluents et les eaux résiduaires, avec des variations spatio-temporelles dépendant des activités humaines. La situation est très inégale selon les pays en fonction de leur développement socio-économique, de l’accès de leurs populations aux soins et de leurs réglementations.
Deux catégories de sources d’émission peuvent ainsi être identifiées :
- les sources d’émissions diffuses consécutives aux rejets de substances médicamenteuses et de leurs dérivés dans les urines et les fèces de la population humaine et des animaux de compagnie et d’élevage ou aux déchets des usagers,
- les sources d’émissions ponctuelles liées aux rejets de l’industrie chimique fine, de l’industrie pharmaceutique, des établissements de soins, des élevages industriels animaux et piscicoles ou aux épandages des boues de stations d’épuration. Les rejets des établissements de soins représentent une situation particulière en raison du nombre de malades traités, de la quantité et de la diversité des médicaments utilisés notamment des anticancéreux, des anesthésiques, des antibiotiques, des produits de diagnostic, de contraste ou des produits radioactifs.
* ORIGINES DE LA CONTAMINATION
La présence de résidus de substances médicamenteuses dans les eaux est liée à des rejets émis tout au long de leur cycle de vie depuis la fabrication des principes actifs ou des spécialités pharmaceutiques, leur utilisation en milieu hospitalier ou ambulatoire, leurs utilisations vétérinaires ou nutritionnelles à des fins d’élevage animal, y compris la pisciculture, jusqu’à la gestion des médicaments de l’armoire à pharmacie des particuliers, à la collecte et la destruction des médicaments non utilisés (MNU).
Cette présence dans les différents compartiments de l’environnement résulte d’un ensemble de caractéristiques propres à chaque substance : quantité fabriquée, métabolisation chez l’homme et l’animal, propriétés physico-chimiques et biodégradabilité de la substance et de ses métabolites dans l’eau, les sols et les chaînes alimentaires. L’accumulation des médicaments dans les effluents pose des problèmes de part d’abord par sa nature et par sa source d’émission et ses voies de diffusion. En effet les médicaments sont indispensables pour la santé humaine et donc sont consommés par l’homme pour se retrouver dans les eaux usées et diffuser dans l’environnement puis se retrouver dans l’organisme à travers l’eau de boisson. L’accumulation pose un problème important pour la santé publique car l’eau est un besoin fondamentale pour l’homme et du fait de la nature des médicaments, ils induisent une pollution chimique difficile à traiter. Le phénomène est particulièrement difficile à résoudre car toute résolution d’un dilemme de cette nature nous impose des mesures adéquates. Cela nécessite d’impliquer les pouvoirs publics que sont les décideurs.
Des lois et des règles environnementales seraient de nature à bouleverser les habitudes des populations. La population doit changer son mode de vie en adoptant des comportements nouveaux.
Le principe de communication pour le changement de comportement ou la communication pour le changement de comportement pourrait être utilisé afin d’emmener la population à adopter les nouvelles mesure de gestion et d’amélioration de la qualité de l’environnement. De plus les industries pharmaceutiques devraient élaborer des normes de destruction des déchets solides (médicaments à élimination lente). Les industries pharmaceutiques fabricant des médicaments de molécules supérieures à 1100 ppm rendent difficiles leur élimination dans l’environnement. Ces macro- molécules, difficilement dégradables se retrouvent dans la nature ou elles une fois le cycle de absorption- diffusion- élimination élaboré vont souillées soit les nappes phréatiques soit les rivières ou les lacs apparents. Le cycle de contamination sera ainsi poursuivi et vi-versa.
* LIMITER ET CONTRÔLER LES REJETS
1. Optimiser la fabrication par l’industrie chimique de substances actives à usage médicamenteux, la fabrication des médicaments eux-mêmes par l’industrie pharmaceutique, ainsi que la collecte et la destruction des médicaments non utilisés, en vue de limiter au maximum les rejets dans l’environnement de substances biologiquement actives et, plus particulièrement :
1.1- pour l’industrie de chimie pharmaceutique, utiliser les technologies les plus respectueuses de l’environnement dans ses unités de Recherche et de Production,
1.2- sur les sites de production chimique et pharmaceutique, poursuivre et amplifier les efforts de certification environnementale,
1.3- mettre en place des stratégies de prévention (usages, décontamination, etc.) pour minimiser les rejets de substances médicamenteuses et de leurs métabolites, en particulier dans les établissements de soins et dans les élevages, mais aussi dans le cadre familial,
1.4- anticiper les conséquences environnementales éventuelles des nouvelles technologies comme celles utilisant les nanoparticules au service des médicaments,
2. Renforcer la surveillance environnementale des rejets des industries chimique et pharmaceutique, des établissements de soins, des élevages industriels et piscicoles, de toutes les activités pouvant être à l’origine de rejets de substances médicamenteuses ou de leurs résidus et améliorer les traitements de ces rejets ponctuels,
3. Développer des programmes d’optimisation de l’efficacité des stations d’épuration des eaux résiduaires et de traitement des eaux potables afin qu’elles soient mieux adaptées au problème des résidus de substances médicamenteuses,
* ÉVALUER LES RISQUES LIÉS AUX REJETS
4. Renforcer la prise en compte, dans les dossiers d’autorisation de mise sur le marché, des impacts environnementaux aigus et chroniques des médicaments,
5. Développer des programmes de recherche fondamentale et finalisée sur les risques pour l’homme et pour l’environnement liés aux résidus des substances médicamenteuses présentes dans les eaux et dans les sols, ainsi que dans les denrées végétales et animales,
6. Prendre en compte les effets liés à la multiplicité des substances présentes dans les rejets en développant des tests globaux de toxicité, en particulier pour les substances cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction,
DÉVELOPPER DES ACTIONS DE FORMATION ET D’ÉDUCATION
7. Sensibiliser tous les étudiants qui se destinent à la chimie pharmaceutique et aux professions de santé par une formation concernant le problème des résidus de substances médicamenteuses dans l’environnement,
8. À titre de rappel, éviter par principe, toute surconsommation de substances médicamenteuses à usage humain ou vétérinaire, qui ne peut qu’aggraver la contamination environnementale,
9. Développer le rôle des pharmaciens d’officine dans la sensibilisation et l’éducation thérapeutique et environnementale du public.


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