Question sur : Usines d’incinération d’ordures ménagères : risques et acceptabilité En réponse à :

Sujet : Usines d’incinération d’ordures ménagères : risques et acceptabilité

R�pondu le jeudi 20 février 2014 par Bigora Bernadette

Usines d’incinération d’ordures ménagères (UIOM) : risques et acceptabilité
Le syndrome NIMBY consiste en une attitude d’opposition d’une population locale vis-à-vis d’un projet lorsque celui-ci est susceptible d’entraîner certaines nuisances ou modifications, réelles ou supposées, du cadre de vie.
Le déclin de la confiance des citoyens envers les autorités gouvernementales, mais également à l’encontre des scientifiques, est un fait avéré depuis quelques décennies. Cette tendance est due à la combinaison de nombreux facteurs dont les plus importants semblent être la montée de la corruption et la prise de conscience des erreurs commises par le passé.

Les projets affectés par le syndrome possèdent des caractéristiques communes. Tout d’abord, ils sont perçus comme localement dangereux ou du moins comme générateurs de nuisances (bruit pour un aéroport, odeur pour un incinérateur, esthétique et bruit pour un parc éolien ou encore peur dans le cas d’une prison). De plus, ils satisfont un besoin public ou une demande privée d’origine en partie non locale. Enfin, il s’agit en général d’équipements de dimension importante et leur implantation nécessite très souvent des expropriations ainsi que des destructions de l’environnement naturel. Les réactions d’opposition, poussées à leur paroxysme, peuvent générer des conséquences néfastes pour le bien-être général des citoyens en matière d’environnement, les victoires des militants NIMBY « ici » pouvant provoquer ou aggraver les problèmes « ailleurs ».

Une étude d’imprégnation par les dioxines des populations vivant à proximité d’usines d’incinération d’ordures ménagères (Novembre 2006, InVS) a permis de dégager des constatations.

Le fait de résider dans la zone du panache peut exposer à la pollution de l’incinérateur par inhalation et/ou par ingestion de produits locaux. Une possible relation pouvant être présente uniquement chez les consommateurs de produits locaux, l’étude a été approfondie chez ces consommateurs : “autoconsommateurs” (consommant leurs propres productions) et consommateurs des produits de voisinage.

Il n’a pas été mis en évidence de contamination des riverains des incinérateurs par l’inhalation.

L’impact de l’incinérateur via la contamination par ingestion est étudiée en explorant l’influence de la consommation de produits locaux en fonction de la zone d’exposition, mais aussi en fonction du type de consommateur : agriculteurs autoconsommateurs, particuliers autoconsommateurs de produits animaux et végétaux, particuliers autoconsommateurs seulement de produits végétaux, particuliers consommant des produits du voisinage et particuliers ou agriculteurs non autoconsommateurs.
En fait, l’imprégnation des résidents de la zone exposée n’est statistiquement supérieure à celle des personnes résidant en zone non exposée que pour les agriculteurs consommateurs de produits locaux. Ces derniers ont une imprégnation plus élevée que tous les autres groupes exposés.
En zone exposée, l’imprégnation moyenne des particuliers autoconsommateurs uniquement de végétaux ne diffère pas de celle des non autoconsommateurs de produits locaux. Par contre, l’imprégnation moyenne des particuliers autoconsommateurs de produits animaux et de végétaux est statistiquement supérieure à celle des particuliers autoconsommateurs seulement de produits végétaux, et également à celle des non autoconsommateurs de produits locaux.

Pour les riverains des incinérateurs récents, l’imprégnation des particuliers autoconsommateurs de produits animaux et végétaux est similaire à celle des particuliers non autoconsommateurs (respectivement de 25,8 et 25,0 pg TEQ total/g de MG). En revanche, il existe une différence marquée pour les incinérateurs anciens (33,4 et 28,6 pg TEQ total/g de MG) statistiquement significative.

Donc, d’une part, une augmentation de l’imprégnation par les dioxines et PCB-DL avec la consommation de lipides d’origine locale est observée même dans des zones éloignées de tout incinérateur. D’autre part, l’augmentation plus marquée chez les autoconsommateurs résidant au voisinage de l’incinérateur est cohérente avec les données de plus forte contamination des aliments produits autour des UIOM anciennes et relevées sur plusieurs sites de l’étude.

Les différences d’imprégnation observées entre les 8 sites d’étude semblent plus être le fait d’une variation géographique du site d’étude que de l’impact de l’UIOM, puisque l’imprégnation moyenne est semblable, que le lieu de résidence soit à proximité ou éloigné d’une UIOM. 

En guise de conclusion, notons que les études épidémiologiques conduites jusqu’à présent ne permettent pas de trancher en matière d’effets et de risques encourus par les populations résidant autour de ces installations. Les quelques augmentations du risque de pathologies, cancéreuses ou non, qui ont pu être mises en évidence, demeurent modérées et ne peuvent être attribuées de façon certaine aux émissions d’un incinérateur.

Pour réduire les risques et permettre l’acceptabilité des usines d’incinération d’ordures ménagères (UIOM), les recommandations suivantes sont à formuler :
-  L’implication de tous les partenaires dont les services de l’Etat (préfecture, DDASS, DRIRE), les représentants de la population, les élus locaux, etc. dans le choix des sites des usines d’incinération pour éviter surtout le syndrome NIMBY. Ainsi des réunions de sensibilisation et d’information, de concertation doivent être organisées pour que les différents partenaires s’imprègnent de la même manière de ces projets.
-  Des études préalables des sites des usines doivent être menées par des experts en la matière chaque fois que de besoin (avant l’installation des usines, durant leur fonctionnement et après leur fermeture).
-  Les pouvoirs publics doivent mettre en place des plans d’urgence pour identifier, consigner et détruire les aliments impropres à la consommation.
-  La mise en place des services de surveillance sanitaire pour la population environnante des sites des usines d’incinération.
-  La prévention collective consiste à réduire l’exposition de la population aux facteurs de risques environnementaux lorsqu’ils sont connus, par exemple en édictant des normes alimentaires ou environnementales.
-  La surveillance de la population exposée en cas de suspicion d’incident, tant du point de vue de l’exposition (mesure des taux de contaminant dans le sang ou le lait maternel) que des effets (par exemple surveillance clinique pour déceler des signes d’effets nocifs sur la santé).


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