Question sur : Usines d’incinération d’ordures ménagères : risques et acceptabilité En réponse à :

Sujet : Usines d’incinération d’ordures ménagères : risques et acceptabilité

R�pondu le mercredi 3 février 2016 par Plumecocq Gisele

Le document de l’InVS sur les incinérateurs et les dioxines nous donne deux informations importantes. Tout d’abord, il informe du manque de connaissance concernant les effets des dioxines à faibles doses. Et il annonce les résultats des études épidémiologiques comme ne pouvant pas associer de manière certaine l’exposition des populations habitant à proximité d’UIOM à un risque sanitaire. C’est pourtant un document très complet, montrant les connaissances sur les dioxines, leur diffusion dans les milieux, leur persistance, leur relation avec les UIOM, les voies d’exposition pour l’homme et la toxicocinétique.

A ces informations, on peut confronter les deux études faites autour de l’incinérateur de Besançon. La première est une étude épidémiologique, de type environnementale cas-témoins, qui montre une relation entre la proximité de l’habitation avec l’incinérateur et l’apparition de lymphomes non-hodgkiniens. La deuxième étude concerne la contamination des œufs de poules élevées dans des fermes dans les zones les plus exposées aux dioxines. Les résultats montrent des taux de dioxines très supérieurs aux teneurs maximales tolérées fixées par la réglementation européenne.
Ces résultats sont basés sur estimation des expositions par modélisation. Cette modélisation peut être critiquée puisque le modèle n’a été conforté qu’en partie par les échantillonnages des sols. Cependant l’augmentation de l’incidence des lymphomes non hodgkiniens autour de l’incinérateur et la contamination des œufs ne dépendent pas de cette modélisation.

L’enquête de la D4E est une enquête d’opinion réalisée auprès d’une population sur les nuisances ressenties par rapport à la présence d’une UIOM. L’enquête qui avait pour objectif principal de monétariser les nuisances subies, arrive à la conclusion que les nuisances sont surestimées par l’inconnu. Les personnes qui habitent plus loin de l’incinérateur pensent qu’il génère plus de nuisances que ce que perçoivent les riverains les plus proches et sont plus nombreux à penser qu’il peut être dangereux pour la santé. Le syndrome NIMBY est également pointé du doigt : les habitants sont prêts à payer davantage pour éviter de subir des nuisances que pour supprimer des nuisances déjà subies.
On note cependant que les personnes qui pensent que l’incinérateur peut avoir des impacts négatifs sur la santé, sont celles qui refusent le plus facilement un dédommagement pour la présence de l’incinérateur, c’est à dire qu’elles ne sont pas prêtes à monnayer leur santé. Par contre ceux sont aussi celles qui acceptent la plus facilement de payer pour voir l’incinérateur disparaître.

L’article concernant Fos-sur-Mer concerne l’opposition présente face à un projet de construction d’un incinérateur dans une zone industrielle et portuaire. La zone connaît une pollution atmosphérique importante avec des dépassements réguliers des valeurs réglementaires pour le S02, les PM10, l’O3 et le benzène. Le projet a été mené de force par l’État. Premier élément, un Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés indiquait qu’aucune usine d’incinération n’était nécessaire pour le traitement des déchets. Deuxième élément, l’enquête publique concernant le projet a duré 5 jours, au lieu des 6 mois réglementaires. L’État dit travailler pour l’intérêt général, pour pouvoir fermer la décharge ouverte d’Entressen. En contrepartie, l’avis des riverains n’est absolument pas pris en compte, et ceux qui vont devoir subir une pollution supplémentaire sont en colère de ne pas être écoutés.

Globalement il ressort de ces documents que la peur des effets sanitaires liés aux incinérateurs est présente, sûrement du effet des pollutions passées, et qu’elle n’est pas apaisée par l’annonce de nouveaux établissements « aux normes ». Cela d’autant plus que les effets des dioxines ne sont pas entièrement connus et que l’incertitude réside donc sur les impacts sanitaires potentiels de ces nouvelles usines. C’est dans ce contexte d’incertitude que les habitants souhaitent éloigner aux plus les potentielles sources de pollution de leurs habitations, et qu’apparaît donc le syndrome NIMBY.
L’installation est d’autant plus mal acceptée quand celle-ci est forcée et précipitée. Les habitants ont alors le sentiment d’être les victimes d’une politique qui ne se préoccupe pas de leur santé, ni de leur bien-être.


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