La prise en compte de la pollution par la science économique et les méthodes de valorisation de ses effets appliquées au domaine de la santé

Les expositions à des pollutions dans l’atmosphère (en général, ou dans les milieux professionnels), dans la consommation d’eau, dans différentes substances manipulées… sont à l’origine de dommages réversibles ou irréversibles qui affectent la morbidité ainsi que la mortalité humaine. Depuis de nombreuses années, cela se traduit dans l’évaluation des éventuelles compensations à fournir aux individus, seuls ou collectivement, qui en subissent ces effets négatifs. Les assurances, les tribunaux, ont les premiers cherché à évaluer monétairement ces compensations après, bien sûr, avoir cherché à en identifier les responsables.

La science économique, partant du postulat que le marché permet à l’homme de lutter contre toute rareté, a d’abord été incapable de prendre la mesure des déséquilibres sur les marchés induits par ces phénomènes. Nous devons à quelques économistes novateurs, notamment A.C Pigou, l’initiative au début du XXème siècle de faire émerger justement ces phénomènes et ce au moyen du développement du concept d’« effets externes » (au marché) et à la mise en place d’outils adaptés à leur prise en compte dans les échanges et les prix (taxes, quotas, marchés de droits…). Mais l’estimation monétaire de ces effets externes est ce qui pose le plus de problème et, justement, l’économie de l’environnement a développé des méthodes spécifiques de valorisation des effets externes qui permettent, in fine, d’estimer la valeur de l’environnement dans une unité commune, usuelle, et compréhensible de tous et des outils qui permettront alors de rétablir l’équilibre dans les échanges. Pour autant, la science économique est toujours fortement tributaire d’une évaluation de l’environnement en des termes principalement monétaires qui, si elle permet les comparaisons et l’intégration dans des modèles où les valeurs sont elles aussi souvent exprimées également en termes monétaires, pose question et fait débat.

En outre, depuis quelques années, la demande sociale aux économistes porte sur les évaluations des pertes de bien-être associées à des expositions aux pollutions de tous ordres, se traduisant non seulement par la diminution de l’espérance de vie, une dégradation de la santé d’autrui, etc., mais également, d’un point de vue économique, dans des dépenses médicales associées aux affections chroniques ou aiguës, des pertes de revenus occasionnées par des arrêts maladie, des dépenses de protection contre les effets de la pollution. C’est tout naturellement que les méthodes de valorisation de ces effets de la pollution sur les agents économiques s’appliquent plus particulièrement au domaine de la santé.

On fera dans ce module l’hypothèse qu’il est possible d’estimer (surtout monétairement !) cette perte de bien-être. C’est donc aux impacts économiques directs et/ou indirects des pollutions sur la santé humaine dont il sera fait référence : ainsi, une comptabilité complète nécessitera la prise en compte à la fois des coûts marchands et des coûts non marchands, et cela nous conduira donc à revenir, en théorie et en application, sur les différentes méthodes d’évaluation en jeu et surtout à comprendre leurs avantages et limites respectives qui les distinguent, souvent au regard des dommages initiaux à estimer : méthode des coûts de protection, méthode du coût économique de la maladie, méthode des pertes de production du capital humain, méthode s’appuyant sur des compensations de salaire, méthode d’évaluation contingente...

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