La justification d’une évaluation « monétaire » des dommages réside en ce que, non seulement, il faut pouvoir comparer en une unité monétaire commune les coûts et les avantages, mais également, l’ensemble des avantages ou dommages. En effet, la détérioration de l’environnement comporte -hélas- de multiples facettes, de sorte qu’une forme donnée de pollution, par exemple la pollution de l’air par les oxydes de soufre (SOx) et les oxydes d’azote (NOx), entraîne une série complexe de dommages hétérogènes : effets sur la santé (morbidité et mortalité), effets sur les matériaux (corrosion, salissures...), détérioration de la flore (récoltes, forêts, ...) et de la faune (acidification des lacs...), sans oublier la pollution esthétique (visibilité réduite par le smog photochimique) et autres pertes de bien-être liées à une mauvaise qualité de vie. Chacune de ces grandes catégories de dommage comporte elle-même des composantes multiples : ainsi, les effets sur la santé incluent le coût des soins médicaux, les journées de travail perdues, la gêne et la souffrance. On pourrait multiplier les exemples dans les domaines de la pollution des eaux, des déchets, du bruit, etc. Comment mesurer puis agréger l’ensemble de ces dommages dans une unité commune ? La monnaie constitue un instrument commode, même s’il n’est pas idéal, permettant de traduire en termes économiques cette multiplicité d’éléments hétérogènes.
L’évaluation monétaire des dommages varie, en outre, dans le temps et dans l’espace. L’avancée des connaissances scientifiques et l’amélioration de l’information engendrent une meilleure prise de conscience des nuisances et de leurs conséquences.
Il reste maintenant à savoir comment procéder à cette évaluation monétaire des dommages et ressources environnementaux. Pour ce faire, il faut d’abord analyser la nature économique du dommage.
En outre, l’évaluation économique ne va pas s’intéresser à la même chose suivant l’objectif de la démarche. On verra d’abord que la mesure des coûts de la pollution ne répond pas forcément aux mêmes objectifs initiaux, que l’on peut classer en trois catégories :
dégager les grands enjeux économiques d’une nuisance en l’intégrant éventuellement dans les grands comptes nationaux (« logique comptable ») ;
établir une tarification au « juste prix » qui se retrouvera notamment dans l’établissement d’une taxe (« logique régulatrice ») ;
évaluer l’intérêt d’un projet public par rapport à un certain nombre d’options possibles (les « analyses coût-bénéfice »).