consentement à payer du consommateur et variation de son surplus (bénéfices ou pertes)

L’analyse du surplus du consommateur fut introduite par Dupuit en 1844 pour estimer le bénéfice social d’un pont, c’est-à-dire son utilité en termes monétaires. Si l’on utilise une fonction de demande ordinaire telle que nous venons précédemment de la décrire, en raisonnant donc tout d’abord sur un plan individuel, on considèrera que le prix du marché (lorsque celui-ci fonctionne sans trop d’entraves), soit la valeur d’échange d’un bien (p1), exprime exactement le consentement à payer pour la dernière unité du bien consommé par un individu, et l’aire comprise entre la courbe de demande (en vert) et l’axe des abscisses, son consentement (total) à payer (que l’on dénomme en général CAP, qu’il ne faut pas confondre avec le « consentement à payer pour la dernière unité du bien consommé »). Son CAP maximal est situé à l’intersection de sa courbe et de l’axe des ordonnées, soit le prix p*.

Alors, au prix p1, le surplus du consommateur est égal à la surface p*Ap1 en rouge sur le schéma. En effet, les premières unités de bien consommées représentent pour l’individu une utilité supérieure au prix p1, même s’il achète l’ensemble des q1 unités au prix p1. En d’autres termes lorsque l’utilité marginale (ou la valeur marginale) d’une certaine quantité d’un bien est supérieure au prix du marché, le consommateur bénéficie d’un « surplus » .

Supposons que le prix du bien baisse et passe, comme on peut le voir sur le graphique, de p1 à p0 (p0 < p1). La quantité consommée passera de q0 à q1, et la variation du surplus du consommateur sera égale à la surface sous la courbe d’utilité, soit p0ABp1. Elle constitue une approximation monétaire du gain de bien-être consécutif à la modification du prix du bien, en supposant que l’utilité marginale du revenu demeure constante lorsque la demande d’un bien varie en fonction de son prix, ce qui est une hypothèse valable quand on connaît la faible part des dépenses consacrées, en général, à un bien particulier, par rapport au revenu total. La variation est positive (bénéfice) si le prix baisse, mais deviendra négative (perte) dans le cas opposé.

La mesure de la variation de la valeur attribuée à un bien, associée à un changement de prix, est exprimée par la modification (variation) du surplus du consommateur (zone en bleu-gris), approximation de la variation de l’utilité individuelle, celui-ci étant simplement la différence entre le consentement à payer maximal pour acquérir un bien (p*, soit la valeur d’usage pour l’individu) et le prix de marché, c’est-à-dire d’échange, de ce bien (p1, soit on l’a vu son « consentement à payer pour la dernière unité du bien consommé »).

8 Messages de forum

  • "....en supposant que l’utilité marginale du revenu demeure constante lorsque la demande d’un bien varie en fonction de son prix, ce quoi est ne hypothèse valable...", j’avoue que j’ai de la peine à comprendre cette phrase. Pouvez-vous me donnez quelques éclaircissements.

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    • Cela signifie que la satisfaction retirée de l’usage d’une unité supplémentaire de son revenu reste la même quelle que soit le niveau de revenu (c’est-à-dire le montant de son budget par exemple), quelle que soit la quantité du bien en question consommé. Évidemment, celle-ci n’est pas constante sur le montant total de revenu (elle a tendance à baisser au fur et à mesure que le budget rétrécit, c’est-à-dire qu’il est grévé par les achats !) ; mais, comme ici la valeur du bien ne représente qu’une part infime du revenu total, on peut estimer qu’elle est constante sur cette part du revenu ; ce ne serait pas le cas si elle représentait, par exemple, la moitié des dépenses totales du consommateur.

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  • "Alors, au prix p0, le surplus du consommateur est égal à la surface p*Ap0. En effet, les premières unités de bien consommées représentent pour l’individu une utilité supérieure au prix p0, même s’il achète l’ensemble des q0 unités au prix p0. En d’autres termes lorsque l’utilité marginale (ou la valeur marginale) d’une certaine quantité d’un bien est supérieure au prix du marché, le consommateur bénéficie d’un « surplus » ". En analysant la courbe j’ai l’impression qu’au lieu de p*Ap0, c’est plutôt p*Bp0 . puisque le point B est l’intersection de q0 à la courbe des utilités.

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  • "l’aire comprise entre la courbe de demande (en vert) et l’axe des abscisses, son consentement (total)"
    A quoi correspond à l’axe des abscisses ?

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    • Dans le cadre de l’analyse du surplus du consommateur, l’axe des abscisses représente des quantités consommées de biens ou services. Ici, ramené au cadre de l’évaluation des dommages sur la santé, on peut estimer que l’axe des abscisses représente une certaine "qualité" de l’environnement, à condition, évidemment, qu’elle puisse se mesurer.

      Cette hypothèse est assez réductrice, d’autant plus lors qu’on va parler ensuite d’agréger les surplus individuels. En effet, la qualité que l’on prête à son environnement est par définition très subjective et qu’il est intellectuellement difficile d’agréger des valeurs subjectives. C’est un des grandes limites à ce modèle théorique.

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  • Pouvez-vous me rappeler le lien avec la théorie économique qui nous dit que si le prix baisse, la quantité consommée augmentera nécessairement ? Je me souviens avoir vu quelque chose dans cet ordre d’idée dans les premiers cours mais je ne le retrouve pas. Formulé autrement, y a-t-il une hypothèse qui implique que pour le consommateur, augmenter son utilité implique augmenter la quantité consommée ?

    Je fais de mon côté l’hypothèse que l’on pourrait évoquer ici (comme c’est fait par ailleurs dans les cours) les limites inhérentes au concept "d’utilité pour le consommateur" : qu’est-ce qui est utile et combien est utile ?
    Merci de vos commentaires

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    • Pour un bien considéré comme "normal" (à l’inverse des biens de luxe, par exemple), si son prix baisse, il deviendra, à budget égal pour ses consommateurs et considérant que le prix des autres biens restent, eux, au même niveau, plus accessible. Donc, sa demande augmentera. Ensuite, la proportion dépendra de ce que l’on appelle l’ "élasticité-prix de la demande au prix", à savoir que quand le prix baisse (augmente) dans une certaine proportion, de combien augmentera (baissera) la consommation de ce même bien en conséquence.
      Effectivement, une des hypothèses de base dans la théorie néo-classique ("utilitariste") réside dans le fait que si le consommateur veut augmenter sa satisfaction (ou utilité), il doit effectivement augmenter sa consommation ; ce qui lui sera permis par une baisse de prix, par exemple (toutes choses égales par ailleurs).
      En fait, une des limites principale réside dans l’aspect très quantitatif de choses qui sont souvent qualitative. le passage de l’un à l’autre n’est jamais tout à fait évident et réduire la satisfaction d’un individu à sa seule consommation de bien n’est pas chose aisée. De la même manière, ordonner ses choix ne se fait pas toujours de manière aussi simpliste. Par exemple, j’aime mieux les bonbons rouges que les verts, mais je préfère les verts aux bleus, alors que je préfère les bleus aux rouges. Maintenant, devant les trois, avec un budget limité, qu’est-ce que je fais ?

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variation du surplus du consommateur en fonction d’une variation du prix
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