Nous pouvons faire le même raisonnement, cette fois par exemple, avec une augmentation des quantités disponibles ou des caractéristiques intrinsèques du bien considéré (à prix inchangé) : l’utilité globale que l’utilisateur va en tirer augmentera à hauteur de la valeur totale qu’il attribue aux nouveaux usages qu’il pourra en avoir. En d’autres termes, l’utilité marginale (ou la valeur marginale, soit p1) d’une certaine quantité d’un bien devient là encore supérieure au prix du marché (p0), le consommateur bénéficiant également d’un surplus (aire en violet sur le graphique). Lorsque, par exemple, la qualité de l’air se dégrade (autrement dit, que la quantité d’air pur disponible diminue), on remonte de droite à gauche le long de la courbe d’utilité (du point B au point A, flèche verte). Lors de l’évaluation des coûts de la pollution de l’air (comme de toute dégradation de l’environnement), c’est cette variation de surplus que l’on va tenter d’estimer monétairement.
Mesurer la variation de surplus d’une personne provoquée par la dégradation de la qualité de l’air revient à rechercher le coût total du préjudice qu’elle subit (c’est-à-dire des avantages perdus par cette personne : « profiter d’une bonne santé » si elle se trouve plus souvent affectée par des maladies respiratoires, « disposer d’un cadre de vie agréable » si les bâtiments sont noircis ou les monuments historiques dégradés, « vivre près d’espaces naturels préservés » si elle réside à proximité de forêts abimées par l’ozone et les pluies acides, ...). Inversement, on peut considérer que toute amélioration de la qualité de l’air revient à rechercher le bénéficie total de l’augmentation de son niveau de confort (on parlera de « bien-être ») qu’elle subit alors.
La détermination de la demande en quantité d’air pur disponible pour le consommateur représente tout d’abord un moyen évident pour évaluer cette variation de surplus, puisqu’il suffira de calculer l’aire sous la courbe. Elle présente également l’avantage d’indiquer la valeur attribuée par la personne à toute nouvelle dégradation, même marginale, ce qui fournit une mesure précise du coût à imputer à chaque émetteur pour lui faire prendre en compte les nuisances qu’il génère.