Un autre problème vient de ce que la fonction de demande (ou le CAP) n’est pas seulement fonction du coût, mais également du niveau de revenu, de l’âge, du sexe, du niveau culturel, etc. Cette multiplicité des paramètres est particulièrement importante dans le domaine de l’environnement où les préférences pour un site, pour une qualité des ressources, pour la préservation d’espèces animales ou végétales ou autres éléments sont fort sensibles aux caractéristiques des individus et collectivités concernés.
Si les dépenses de protection ou de dépollution sont des dépenses privées laissées à l’initiative des ménages, donc largement dépendantes de leur capacité à payer , la répartition de la qualité de l’environnement reproduira probablement la répartition des revenus et des richesses. En effet, si la valorisation monétaire reflète le CAP des individus pour obtenir un certain niveau de qualité d’environnement, celui-ci dépend beaucoup de la capacité à payer : il en résulte que la valeur attachée à la protection de l’environnement est moindre pour les pauvres que pour les riches. Les arbitrages entre différentes catégories de biens en termes économiques diffèrent selon le niveau de revenu et de richesse. L’élévation du niveau de vie, par exemple, se traduit généralement par une plus grande valorisation de la qualité de l’environnement et, donc, des pertes de bien-être associées aux dommages causé par sa dégradation. Et, justement, les individus ou les catégories sociales sont le plus souvent inégalement touchés par la dégradation de l’environnement. Bien que cette corrélation ne soit pas toujours vérifiée, il semble que, dans un grand nombre de cas de pollution, il existe une liaison négative entre niveau de pollution (et de dommage) et niveau de revenu. Plus on est pauvre, moins on a les moyens de se protéger contre la pollution.
Cette affirmation doit toutefois être nuancée par le fait qu’à capacité de payer égale, les préférences, la perception des dommages, et donc la disposition à payer pour les éviter, peuvent différer. Un pays pauvre n’a pas les moyens de donner la priorité à la qualité de l’environnement par rapport à la satisfaction de besoins de subsistance jugés plus indispensables, en tout cas à court terme. Il est donc « rationnel » que des pays – ou des individus – ayant des niveaux de vie différents choisissent des objectifs, c’est-à-dire des optimums de pollution, différents.
La solution serait peut-être également d’essayer d’établir leurs courbes d’utilités respectives, permettant de garder en considération les questions d’équité et de faire ressortir gagnants et perdants entre les situations avec et sans dommages.