Environnement et santé dans la région de l’OCDE : santé perdue, argent perdu

Sommaire

La présente étude a évalué l’impact sur la santé environnementale de facteurs environnementaux dans la région de l’OCDE, à la fois en terme de perte de santé et de perte monétaire. Deux à 5 % du Poids global de maladie a été attribué à des facteurs environnementaux, comparé à 8-12 % dans des pays hors OCDE. La valeur monétaire de la perte en santé environnementale dans cette région à haut revenu a été évaluée à 45-140 milliards de $US, ou à 53-160 $US per capita.

L’étude a été conduite dans le cadre du récent Aperçu Environnemental de l’OCDE (chapitre 21, Human health and the Environment). Premièrement, le rapport fourni une description des transitions économiques et démographiques, ainsi que les transitions correspondantes des risques sanitaires et environnementaux, suivie d’une discussion concise sur les concepts et indicateurs de la santé (environnementale), les risques inhérents et leur monétarisation. Deuxièmement, il a été évalué l’impact des expositions environnementales sur la santé des populations dans la région de l’OCDE, en termes de perte de santé et de perte monétaire. Le Poids global de Maladie (PgM) dans la région OCDE a été estimé sur la base des données du Rapport mondial sur la santé de 1999, avec ajustement pour les différences régionales de population. Le poids de maladie ou la perte de santé a été exprimé en Vie-années ajustées sur l’incapacité (disability-adjusted life years ou DALYs). Le PgM total per capita à l’intérieur de la zone OCDE est environ la moitié de celui des pays hors OCDE. En conséquence, les proportions attribuables à l’environnement (estimations haute et basse) du PgM pour 16 maladies à forte contribution au PgM a été calculé à partir de données de la littérature. A l’intérieur de la région de l’OCDE, il a été estimé que 2-5% du PgM total est associé à des facteurs environnementaux (1,5-4% pour les pays à haut revenu, 4-7% pour les pays à faible revenu), contre 8-12% pour les pays hors OCDE et une moyenne mondiale de 7,5-11%.

Troisièmement, il a été procédé à une évaluation économique de la perte de santé environnementale. En appliquant les pourcentages attribuables du PgM définis ci-dessus aux dépenses totales de santé, nous avons estimé la fourchette du coût de la santé environnementale dans la région de l’OCDE à 45-110 milliards de $US (40-100 $US per capita). Cependant, les dépenses de santé n’incluent que la morbidité. Donc, nous avons distingué les parts de la mortalité et de la morbidité pour le poids (environnemental) de la maladie. Les coûts de la morbidité environnemental ont été estimés en utilisant les coûts directs spécifiques d’une maladie, disponibles pour certains pays à haut revenu de la région OCDE. Ceci a conduit à des coûts légèrement différents par rapport à la première approche, mais pour la seule morbidité. La mortalité environnementale avait été exprimée en années de vie perdues, dont la valeur monétaire a été calculée premièrement sur la base du PIB per capita des pays à haut revenu de la région OCDE et deuxièmement en utilisant les valeurs de volonté-de-payer pour une mort avant ou après 65 ans, divisée par la perte en espérance de vie. Ceci a finallement conduit à trois estimations différentes pour les coûts environnementaux dans les pays à fort revenu de l’OCDE - et les bénéfices des interventions associés - :
- une estimation basse de 30-95 milliards de $US (35-105 $US per capita) avec un bénéfice potentiel de réduction de 5% du PgM environnemental de 1,5-4,5 milliards de $US (1,7-5,3 $US per capita) ;
- une estimation centrale de 45-140 milliards de $US (53-160 $US per capita) avec un bénéfice potentiel de réduction de 5% du PgM environnemental de 2,5-7 milliards de $US (2,7-8 $US per capita) ;
- une estimation haute de 215-680 milliards de $US (240-775 $US per capita) avec un bénéfice potentiel de réduction de 5% du PgM environnemental de 11-35 milliards de $US (12-40 $US per capita).

Finallement, après une brève discussion de certaines préoccupations environnementales sélectionnées (produits chimiques, groupes spécifiques, changement environnemental global) et des études de coût-avantage, il a été conclu que l’impact sanitaire des facteurs environnementaux semble être substantiel, à la fois en termes de santé et de valeur monétaire et que les bénéfices potentiels des politiques d’intervention pourraient être supérieurs aux coûts de la mise en place de ces politiques.

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