Mesure du surplus et de sa variation en l’absence de droits de propriété définis

Nous sommes restés jusqu’à présent dans une situation simplifiée où nous ne considérions que la variation (en quantité ou en qualité) d’un seul bien, indépendamment de tous les autres. Dans les faits, tous les biens et services sont en relation les uns avec les autres. Ainsi dans le cadre marchand, la valeur d’un bien – son prix – ne s’exprime que relativement à celle des autres.

Mais l’idée d’échange marchand introduit plusieurs nouvelles notions. Pour que l’échange soit possible, il faut que les biens soient mis à disposition de chacun. Les ressources naturelles, humaines, financières, étant limitées, cette mise à disposition représente un coût, généralement croissant pour chaque unité supplémentaire produite s’il n’y a pas d’innovation technique ou organisationnelle. S’introduit donc ici une contrainte d’offre, qui va se croiser avec les courbes d’utilités des acteurs économiques. La marchandisation d’un bien économique va mettre en concurrence les personnes intéressées par rapport à un niveau d’offre donné, obligeant les unes et les autres à révéler en partie le niveau d’utilité qu’elles en retirent. En effet, le prix auquel on aboutit équilibre offre et demande, d’une part en dissuadant celles dont la satisfaction retirée du bien est inférieure à l’utilité attribuée à la somme correspondante, qu’elles pourront consacrer à d’autres activités, et d’autre part en permettant à celles dont la satisfaction retirée du bien est supérieure à ce prix, d’utiliser ou de préserver le bien en question. Dans ce cadre du marché, chaque individu est à même de prendre en compte toute la valeur qu’il attache au bien.

Par contre, il existe certaines situations pour lesquelles les hypothèses du marché ne sont pas respectées, notamment dans le cas des biens environnementaux, pour lesquels il n’existe guère de droits de propriété, nécessaires à la réalisation d’un échange marchand. La qualité de l’air en est un bon exemple. Personne ne peut revendiquer la propriété d’une parcelle d’air urbain, lui donnant droit de la conserver ou de la revendre. On ne dispose dès lors pas d’un prix qui permette de mesurer directement le préjudice subi lorsque la qualité de l’air se détériore, sachant que, de plus, rien ne conduit l’émetteur de la nuisance de prendre en compte les conséquences de ses actions (non-internalisation des externalités).

Une approximation de la valeur attachée par les individus à l’existence des actifs naturels et à leurs caractéristiques est toutefois possible par la mesure de la variation du surplus des consommateurs et producteurs, suite à une variation du flux des services qu’ils rendent à la collectivité.

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