Enfin, la souveraineté du consommateur (la victime, en fait !) suppose que chaque individu dispose de la possibilité effective d’« acheter » plus ou moins d’air pur sur le marché immobilier, par exemple en déménageant d’une zone à l’autre, en fonction de la qualité de l’environnement. Cette mobilité n’existe guère dans la réalité, et de nombreuses contraintes financières, culturelles et sociales viennent entraver cette liberté de choix. Par ailleurs, cette liberté doit pouvoir reposer sur des choix informés : le consommateur doit connaître les effets de la pollution sur la santé et le bien-être. Or, au-delà d’une conscience superficielle de ces effets, rares sont ceux qui connaissent les conséquences réelles de la pollution dans le cas, par exemple, de la pollution atmosphérique : affections du système respiratoire, risque accru de cancer du poumon, détérioration des matériaux… Le comportement des consommateurs sur le marché immobilier ne reflétera donc pas, ou seulement en partie, les effets réels de la détérioration de l’environnement.
Enfin, le « prix hédoniste » de la pollution devrait être le même pour tous, ce qui suppose la similitude des fonctions d’utilité, chaque individu attachant la même valeur aux divers déterminants de la valeur du logement (attributs). Cette hypothèse est manifestement très réductrice : non seulement la perception subjective de la pollution, mais encore les « valeurs », attribuées à ces déséconomies, varient d’une personne à l’autre. Au bout du compte, c’est un mélange hétérogène de fonctions d’utilité qui se trouve ainsi évalué, de sorte que l’on ne pourra connaître avec précision ce que recouvrent les prix hédonistes mesurés.