Le principe d’une évaluation contingente est d’évaluer des valeurs hypothétiques supposées conformes à des valeurs réelles si un marché existait. Or la différence que l’on trouve entre un marché hypothétique et un marché réel, c’est que, dans ce dernier, il y a une sanction pécuniaire si on se trompe. Ce n’est pas le cas dans un marché hypothétique. Dans une évaluation contingente, le biais lié à l’aspect hypothétique de l’étude peut induire une surestimation du CAP.
Les expériences de laboratoire permettent tout de même de comparer les réponses obtenues sur un marché simulé et sur un marché hypothétique. L’examen des différentes expériences (McClelland et alii, 1993 [1], rapportent les résultats concernant cinq études) montre qu’en moyenne la réponse à une question hypothétique est 2,5 fois plus élevée que la réponse obtenue sur un marché simulé, et se situe dans un intervalle allant de 0,7 à 9 selon le bien estimé. Le manque d’expérience quant au fonctionnement d’un marché est en soi une source de biais, et un écart type trop élevé des valeurs biaise naturellement toute estimation correcte du comportement.
Une solution a été proposée par Shogren et al. (1994) [2]. Le chercheur commence par faire une évaluation contingente classique, puis il réunit un sous-ensemble de la population interrogée pour lui faire révéler, à l’aide d’exercices de laboratoire (en l’occurrence un système répétitif d’enchères) leur CAP réel. Ainsi peut être définie une fonction de calibration qui sera appliquée aux paiements hypothétiques. Mais si l’on conçoit qu’une telle solution puisse être appliquée à des biens privés, son extension à des biens publics est certainement plus difficilement réalisable.