Les biais d’inclusion

Il est présent lorsque l’on tente d’estimer des valeurs de non-usage (ou valeur d’existence), et ce quel que soit le mode de révélation de la valeur utilisé (question ouverte ou question fermée). L’existence de ce biais interpelle certainement les économistes sur la signification des résultats obtenus par l’évaluation contingente lorsqu’elle est utilisée pour révéler des valeurs de non-usage. Ce biais est lié au fait que les individus valorisent une sorte de satisfaction morale, qui n’a plus rien à voir avec la variation réelle de leur bien-être. Ainsi un changement dans le bien évalué (protéger mille oiseaux ou dix mille oiseaux) n’a qu’un très faible impact sur la réponse donnée. Dans ces conditions, il est légitime de s’interroger sur le statut économique des valeurs obtenues.

Sous ce vocable de « biais d’inclusion », on a parfois tendance à confondre plusieurs effets qu’il convient de distinguer :

-  les effets de sous-additivité  : ils apparaissent lorsque l’on souhaite combiner des éléments évalués séparément. Mitchell et Carson (1989, p.44) rapportent un certain nombre d’études qui ont montré que l’on obtenait une valeur pour un ensemble de biens inférieure à celle obtenue par la sommation de la valeur de chaque bien. En combinant les valeurs, il en résulte donc un CAP total surestimé ;

-  les effets d’ordre : quand on évalue plusieurs biens successivement, le CAP pour un bien particulier est plus élevé lorsque le bien est proposé en premier que lorsqu’il est présenté après d’autres biens. Ainsi, Tolley et Randall [1] trouvent en 1985 que la valeur attribuée à l’amélioration de la visibilité dans le Grand Canyon du Colorado est trois fois plus importante si le bien apparaît dans l’étude en première position plutôt qu’en troisième ;

-  les effets d’envergure : ils apparaissent lorsque le CAP pour obtenir un bien est différent suivant que ce bien est évalué seul ou comme une partie d’un bien plus large. II a été mis en évidence par Kahneman et Knetsch en 1992, ces auteurs observant que le CAP pour l’amélioration de services liés au sauvetage lors de désastres était pratiquement constant quel que soit le niveau d’inclusion du bien à évaluer (cette inclusion pouvant être géographique comme catégorielle).

Les effets d’ordre et de sous-additivité ont un caractère général, seul l’effet d’envergure est spécifique à la méthode d’évaluation contingente.

2 Messages de forum

  • Les biais d’inclusion 4 juin 2017 17:00

    Bonjour est ce vous pouvez expliquer pourquoi le cap total est sur estime car je comprend l inverse... merci

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    • Les biais d’inclusion 6 juin 2017 17:13, par Laurent Dalmas

      C’est expliqué dans le paragraphe précédent, et c’est l’essence même du biais d’inclusion. Être prêt à payer pour sauver une vie d’une espèce d’oiseaux doit donner la même valeur que payer pour sauver tous les oiseaux de l’espèce ! Il ne faut donc pas additionner les valeurs pour chacun des oiseaux de l’espèce, mais prendre la valeur d’un seul. Sinon, effectivement, la valeur du CAP sera surestimée

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Notes

[1Tolley, G.S. et A. Randall (1985). Establishing and valuing the effects of improved visibility in the eastern states. United States : Environmentl Protection Agency, Rapport de recherché.
Cités par Kahneman, Knetsch, 1992, p.58 : Kahneman D., Knetsch J., 1992, « Valuing public goods : the purchase of moral satisfaction », Journal of environemental economics and management, vol 22, 57-70.)

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