La méthode dite de l’analyse des « impact pathways » (« cheminements d’impact » ou « fonction de dommage ») a d’abord été mise au point dans le cadre de l’étude ExternE dans les années quatre-vingt-dix [1]. En 1995 ont été publiés les premiers résultats concernant quelques pays de l’Union Européenne (la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne). Elle passe d’abord par :
l’identification des dits dommages,
puis par la mesure de la relation entre le niveau de pollution et l’ampleur des impacts sur chacun des types de récepteurs identifiés.
La pollution atmosphérique débouche typiquement sur cette démarche du fait de la multiplicité de ses impacts : sur la santé humaine, la faune et la flore, les rendements agricoles, les bâtiments et le cadre de vie (visibilité, odeurs éventuelles). Elle ouvre alors sur une approche multidisciplinaire où de nombreux ingénieurs et scientifiques provenant d’horizons différents vont être sollicités, pour mettre en évidence les liens de cause à effet entre les pollutions et leurs impacts.
Cette approche consiste à procéder d’abord à une mesure « physique » (non monétaire) des dommages : par exemple, dans le cas de la pollution atmosphérique, mesure des effets sur la santé en termes de « taux de morbidité » et « taux de mortalité » et ce n’est qu’après ce passage par une « fonction non monétaire de dommages » que l’on procédera à l’évaluation monétaire [2]. Cette première phase non monétaire est plus un travail pour le statisticien et l’épidémiologiste que pour l’économiste. Il s’agit notamment de déterminer les relations « dose-effet » entre l’exposition à un niveau donné de pollution et les dommages causés (par exemple, relation entre une concentration de dioxyde de soufre dans l’atmosphère et les affections des voies respiratoires).
Après ces évaluations dites « micro-épidémiologiques », il faut passer à des évaluations « macro-épidémiologiques », mettant en relation des taux d’exposition de populations à certaines pollutions et des taux de morbidité et de mortalité. Cette méthode a été surtout appliquée à la pollution atmosphérique dans le cadre d’un grand nombre d’études menées aux États-Unis. La mesure de relations dose-effets s’avère également primordiale pour pouvoir estimer les risques d’une dégradation ou les avantages d’une amélioration, ainsi que pour permettre la généralisation des résultats obtenus et validés sur un échantillon restreint.
Une fois ce premier travail réalisé, la valorisation monétaire fournira une information économique sur la valeur des différents biens concernés par la nuisance et ses impacts. Ce sont les résultats d’évaluations issues de méthodes d’évaluation précédemment présentées qui achèvent ce processus pour traduire en grandeur monétaire différents impacts, et permettre ainsi l’agrégation des dommages. Sachant que les principaux impacts des pollutions concernent la santé humaine, il s’agit donc de retenir, par exemple, une valeur de référence pour la vie humaine, et ensuite d’estimer le coût de la morbidité. Ensuite, peuvent être également évalués les effets sur l’environnement (pertes de récoltes, effets sur les forets et rivières ...), et, enfin, les effets sur les bâtiments, toutes ces valeurs ayant en commun d’être basées sur le CAP, et donc sur une variation de la fonction d’utilité des individus.
Le schéma joint résume la méthode en présentant les différentes étapes jusqu’au résultat final (tiré de Rabl A. et et J.V. Spadaro, 1997).