Quel est l’argument le plus probant selon vous en faveur d’une part environnementale dans la genèse des cancers du sein ?
Selon la literature française, on constate une augmentation de l’incidence des cancers depuis une vingtaine d’années. L’augmentation du taux d’incidence remonte aux annees 1980.
Des facteurs présents dans l’environnement general ont fait la preuve de leur cancérogénicité comme le tabagisme passif, l’arsenic , l’amiante, certains métaux, hydrocarbures polycycliques aromatiques, le benzène, radiations ionisantes dont le radon…). La liste des facteurs incriminés est longue et présente une grande diversité. Le cancer du sein a-t-il une composante environnementale.
Les experts de l’INSERM ont analysé les données de la littérature internationale sur les neuf cancers (les cancers du poumon, les mésothéliomes, les hémopathies malignes, les tumeurs cérébrales, les cancers du sein, de l’ovaire, du testicule, de la prostate et de la thyroïde) et considéré comme facteurs environnementaux les agents physiques, chimiques ou biologiques présents dans l’atmosphère, l’eau, les sols ou l’alimentation dont l’exposition est subie et non générée par des comportements individuels.
Ainsi, contrairement au tabagisme actif c’est le tabagisme passif qui est indexé dans cette expertise. Cette etude prend en compte aussi bien les facteurs de l’environnement général mais aussi ceux présents dans l’environnement professionnel.
Le cancer du sein est generalement dû aux radiations ionisantes (exposition externe rayons X ou gamma), au tabagisme passif, aux pesticides, aux dioxines, aux polychlorobiphenyle, aux hydrocarbures polycycliques aromatiques, au benzene, aux solvants.
Donc l’impact d’un facteur environnemental sur le risque de cancer dépend à la fois de son lien avec ce cancer et de la prévalence d’exposition à ce facteur dans la population. D’ou, un facteur
environnemental conférant une augmentation même faible ou modérée du risque de cancer aura un impact élevé si ce facteur est très répandu dans la population générale. Par contre , un facteur
cancérogène même fort aura un impact peu faible si très peu de personnes y sont exposées.
Qu’à cela ne tienne l’évaluation de l’impact des facteurs environnementaux reste limitée dans beaucoup de cas, compte tenu d’un manque ou d’une insuffisance de données permettant de quantifier les expositions sur l’ensemble de la vie des populations exposées et de préciser les co-expositions. En matière de santé publique , l’évaluation des effets des expositions chroniques à de faibles doses doit encore évoluer.
Quelle est sa principale faiblesse (s’il y en a) ?
Le cancer du sein demeure le cancer le plus fréquent chez la femme. Le nombre de nouveaux cas
pour l’année 2005 a été estimé à 49 814, soit un taux d’incidence parmi les plus forts en Europe. Le taux d’incidence du cancer du sein a augmenté de 2,4 % en moyenne par an sur la période 1980-2005.
Mais dans l’élévation de l’incidence du cancer du sein, il est difficile de quantifier la part due à l’évolution des facteurs de risque environnementaux ou comportementaux et l’extension de la pratique du dépistage individuel et organisé.