Si une entreprise utilise gratuitement la fonction de réservoir de résidus de l’environnement naturel, elle va alors créer des dommages du fait de la pollution engendrée par son processus de production. C’est le cas, par exemple, si une pêcherie subit un déversement de produits toxiques. Ces dommages se traduiront par une augmentation de la mortalité des poissons, puis de l’effort de pêche, et, par conséquent, par une diminution du revenu des pêcheurs qui n’est pas compensé pécuniairement. Le pollueur responsable de cette externalité impose à la collectivité des coûts non compensés, appelés coûts externes , ou déséconomies externes, par opposition aux coûts internes qui font l’objet d’une compensation monétaire. On dit alors que le coût social de cette activité est supérieur à son coût privé. Sidgwick, en 1887, avait déjà introduit le terme d’« externalités » pour caractériser ces divergences entre l’intérêt privé et l’intérêt public.
La divergence entre coûts sociaux et coûts privés reflète l’existence d’un effet externe négatif échappant à l’échange marchand. Cet effet externe est lié à l’utilisation d’une ressource non marchande, l’eau ou l’air par exemple, qui rend au producteur un service d’évacuation de ses résidus. Or, la gratuité de ce service indispensable est trompeuse, puisque la capacité d’assimilation des résidus par l’environnement naturel est limitée. Le phénomène de pollution, et les pertes de bien-être qui en résulteront, traduisent la pression excessive exercée par cette activité de production sur l’écosystème qu’utilisent les agents qui ne sont pas directement impliqués dans l’activité polluante.