Au terme du parcours des blocs 1 et 2, quelques rappels sur l’évaluation et la gestion des risques peuvent être exprimés rapidement. En premier lieu, il faut considérer si le risque est évaluable (qualité et étendue des connaissances) et exprimable d’une certaine façon (l’évaluation des risques s’exprime de manière quantitative, par ex. une dose sans effet nocif, ce qui implique en situation réelle de pouvoir estimer le niveau d’exposition des populations). Ensuite, il faut établir si le risque est réductible, au travers de mesures de gestion, parmi lesquelles les interdictions et les limitations d’usages (approche par le danger), ou bien le contrôle des situations d’expositions pour réduire l’éventualité de ces dernières (approche par le risque).
Dans le programme de SSEnTS, nous cherchons à exercer une certaine réflexivité sur les pratiques et les données scientifiques. Dans le cas de l’évaluation et de la gestion des risques, le sujet est très particulier, car interviennent un grand nombre de facteurs qui ne relèvent pas de la science, mais de conventions, de choix politiques, ou de considérations sociales et éthiques. Nous constatons qu’à force de se concentrer sur les « bonnes » procédures ou les « bonnes pratiques », on néglige que le « bon » ou le « bien » ne peuvent pas se concevoir a priori (des termes qui appartiennent à la Morale, et non à la Science) mais en rapport aux finalités poursuivies et leur atteinte (l’objet même du politique). Il nous faut remarquer que ces procédures (sous-entendues normalisées) conduisent à négliger la complexité des situations, les nombreux enjeux, la multiplicité des perspectives et des priorités (scientifiques, éthiques, morales, économiques, sociales, la liste est infinie). Tout ceci alimente sans cesse des controverses qu’il convient de démêler.
Nous tenterons de situer ce qui, dans le cadre d’un risque que l’on essaie d’évaluer et de gérer, relève de la science et ce qui relève du politique (des valeurs sur lesquelles il se base). Il s’agira aussi d’apprendre à déceler les arguments disponibles pour prendre une décision en situation de controverse. L’évaluation des risques fait intervenir des données issues de la toxicologie, de l’épidémiologie et de l’étude des situations d’exposition... Mais la gestion des risques mobilise encore d’autres dimensions comme le droit (formulation des principes de droit, évolution et conséquences), ou l’économie (les mesures de gestion des risques ont un coût, mais l’absence de gestion pourrait avoir des coûts et des conséquences bien plus fortes encore). Enfin, nous examinerons les modalités de la concertation/participation de la société civile, dans la mesure où c’est un élément central dans la montée des controverses (une pression sociétale, elle-même évolutive).