La construction sociale du risque

Il est important d’insister que nous parlons bien de risque et non de danger. Dans ce cas il est possible d’identifier que cette construction sociale rentre dans ce qui permet de passer du danger au risque, c’est-à-dire les expositions. Même pour les risques naturels, choisir de vivre sur la côte (ou à proximité d’une rivière), expose au risque de submersion ou d’inondation ; en montagne il y a des avalanches, ailleurs des régions sont exposées au risque séismique. Il ne faut pas y voir encore des choix individuels que l’on serait amenés à modifier, en négligeant les forces qui les animent et qui façonnent nos modes de vie et de ce fait nos manières d’habiter la terre.
Si des activités et habitations sont venues s’installer quelque part, c’est du fait d’avantages trouvés dans cette localisation. Bien sûr, il peut y avoir un coût (exposition à un aléa), d’où nécessité d’arbitrages, temporaires, fluctuants. L’exposition à un risque, même naturel, implique une part de décision. Les populations concernées peuvent apprendre à vivre avec le risque, développer une culture du risque qui peut participer de leur identité.
Revenons aux pollutions par des activités humaines. Évidemment, la réglementation européenne parle d’expositions volontaires, pour toute situation issue du processus de production, soit une démarche rationnelle qui consiste à libérer des substances toxiques dans le milieu (il faut d’abord décider de les fabriquer !), sous conditions. Il y aura décision d’exposer les humains et les écosystèmes, en prétendant que tout est sous contrôle (évaluation des risques). Il y a des croyances qui en sont à l’origine, que l’on pourrait dénoncer, mais n’anticipons pas.
Le même raisonnement s’applique aux expositions dites involontaires, la pollution atmosphérique, le bruit, les ilots de chaleur urbains, etc., comme si ces circonstances pourraient être qualifiées de naturelles (en quelque sorte inévitables), alors que les conséquences des choix de modèle du développement, qui en sont les causes, ne sont pas questionnées. L’intérêt est détourné vers la gestion de leurs conséquences, soit les symptômes, obfusquant les causes profondes, inhérentes à la croissance sans limites, imposées comme nécessité.
En somme, on se laisserait berner par l’illusion d’un changement dit soutenable, surtout sans toucher aux racines du système qui a produit le dérèglement climatique et de profondes dislocations sociales. C’est les forces qui animent le système (p.ex. le marché), comme les valeurs qui en sont les principes (la consommation compétitive), que l’on serait amenés à modifier.

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