Que retenir de ce cours ?

La conviction que la rationalité pouvait en effet être réduite à un mode de calcul est au cœur du programme classique*. Le rêve récurrent des Lumières, à propos d’un mode de calcul qui convertirait, jugements et inférences, en un ensemble de règles, provient de la fascination du 17ème siècle pour les « bonnes » méthodes de raisonnement, avec l’attrait supplémentaire dû aux règles mathématiques. Un mode de calcul était considéré comme supérieur, du fait qu’il produirait des règles uniques, non ambigües, qui ne tolèrent plus aucun argument. L. Daston, Classical Probability in the Enlightenment 1988 (trad. pers.).
*Une référence à la première modernité dès le 17ème siècle

Ce cours est difficile, il est constitué de longues pages, avec des notes de bas de page et des annexes. Sa compréhension est absolument fondamentale car il est porteur de l’esprit de l’ensemble du parcours. Il faut le lire, prendre des notes et ne laisser aucun point d’incompréhension sans poser des questions dans les forums en bas des pages. Par ailleurs, vous trouverez peu d’affirmations péremptoires, par rapport aux nombreuses questions, auxquelles vous serez mené.e.s à réfléchir.
En vous apportant quelques éléments historiques, associés aux secousses de l’histoire non seulement des idées scientifiques, mais aussi celles, politiques et économiques, glanées dans des milliers de pages d’ouvrages érudits, mon ambition reste modeste. Ce n’est pas tant les connaissances qui comptent (dates, auteurs…) que le raisonnement qui ne peut plus les aborder sans . Si j’arrive à vous faire douter de certains schémas de pensée, maintes fois rabâchés dans notre éducation, ce sera un grand pas. On ne pourra pas influencer le changement avec les idées et schémas de pensée passés, il faut s’en convaincre.
En problématisant la notion de risque nous avons découvert la grande part de sa construction sociale [1] et les croyances qui lui sont associées, sources de désaccords. En liant entre elles les avancées conceptuelles qui ont permis l’émergence du risque, on ne peut négliger qu’à chaque époque la confrontation avec l’ignorance a été comblée par des préjugés sur la nature humaine, quand ce n’était pas en faisant appel à la divine providence. Ce cheminement vers le risque moderne, calculable, exprimé comme une probabilité, a pris plein de détours et mis en évidence des difficultés non résolues, poussées sous le tapis. C’est ici qu’intervient l’épistémologie ou l’histoire et la philosophie des connaissances [2]. Elle nous permet de tester et d’améliorer leur caractère rigoureux et leur consistance/cohérence, pas leur vérité immuable.
La plus grande difficulté provient du nécessaire abandon de la position (privilégiée) de l’observateur neutre depuis l’espace, celle qui, par analogie aux sciences physiques, nous est inculquée comme vraiment scientifique. Or, vous comprendrez, qu’un atterrissage est exigé de vous, nos investigations ne peuvent intervenir que si nous acceptons de nous mêler aux courants de la société, en interaction horizontale avec les autres, acteurs ou patients, dans une position d’observateur engagé (participant et réflexif).
Peut-être avez-vous reconnu, par endroit, des ouvertures vers la « participation du public » qui nous intéressera dans la suite des cours. Sauf que nous tenons à ne pas l’aseptiser, la dépolitiser et donc faire disparaitre les rapports de pouvoir qui la traversent. Le risque comme menace sur le cours de la vie, pèse sur le vivre-ensemble. Je remarquerais aussi qu’au fil des pages, des ouvertures vers d’autres cours ont été signalées. Il n’y pas juste un empilement de connaissances, celles-ci forment un réseau d’interpellations. Je parlerais d’un parcours qui cherche à être intégré, cohérent.

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Notes

[1Une page lui est consacrée dans le cours sur les controverses

[2Que pouvons nous connaitre et sous quelles conditions ?

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