L’évaluation monétaire des dommages, ou des bénéfices, constitue une composante essentielle de l’économie de l’environnement. En l’absence de telles évaluations, la référence à l’efficacité économique et à l’optimum demeure un idéal théorique.
Le modèle théorique de détermination de l’objectif de pollution ou de dépollution, qui fournit donc des éclairages et des éléments de réflexion sur les différentes variables capables de l’influencer (taxes, normes, droits), suppose donc que l’on connaisse donc assez précisément les fonctions de coût de la pollution et/ou de dommages ; autrement dit, cela suppose donc que, conformément à la rationalité économique, la production de qualité d’environnement ne soit justifiée que si les avantages engendrés (ou les dommages évités) soient supérieurs aux coûts (de dépollution) supportés pour l’obtenir ; c’est le calcul « coût-avantage » ou « coût-bénéfice », par lequel sont comparés les coûts d’une opération, ou d’un projet (en l’occurrence des mesures de protection de l’environnement), et les avantages correspondants (ici, les dommages évités) en une unité monétaire commune. Réduire la pollution au-delà de p0, par exemple jusqu’au point p1, impliquerait que le coût des mesures antipollution excède le coût des dommages (c’est-à -dire les avantages, ou bénéfices, procurés par ces mesures) ; au point p2 les dommages sont supérieurs aux coûts, de sorte que la collectivité perd les avantages qui seraient obtenus par un passage de p2 à p0. Le minimum satisfaisant, qui nous permet donc ici de déterminer l’optimum de pollution pour la collectivité, se trouve au point minimum de la courbe de coût total (CP + CD).
Or l’évaluation en termes monétaires de toutes les données relatives aux coûts de pollution et de dépollution soulève des difficultés considérables. Les dispositifs antipollution et les technologies moins polluantes sont toutefois des biens marchands, ce qui entraîne le fait que les coûts de dépollution soient plus aisément évaluables en termes monétaires que les dommages infligés, même s’ils sont souvent difficilement prévisibles ou parfaitement observables par une autorité régulatrice. Partant de cette constatation, on s’attachera en priorité ici à l’évaluation monétaire des coûts (ou dommage) de la pollution, que de manière ambivalente on considèrera comme un avantage pour la collectivité : en effet, si la dépollution est mise en Å“uvre, et que les coûts inhérents sont mesurables monétairement, le dommage disparaissant est remplacé par un avantage qui en est retiré par la société, passant d’une situation de pollution à une situation avec une pollution moindre.