Les préférences d’un consommateur se manifestent sur le marché, et la souveraineté du consommateur s’exprime sous la forme de son « consentement à payer » (CAP), c’est-à -dire en monnaie, autrement dit, par sa demande pour un bien ou service donné.
Prenons le cas d’un randonneur en ballade dans une contrée aride, l’été, et qui cherche à se désaltérer. Il trouve sur son chemin une fontaine qu’il faut manuellement actionner, dans une propriété privée : la première fois qu’il l’actionnera pour y boire l’eau remontée lui procurera une grande satisfaction (on parlera d’utilité) qui consentira à lui faire payer au propriétaire du terrain où se situe la fontaine un prix élevé pour pouvoir boire une gorgée d’eau fraîche. Mais plus le nombre d’utilisations de la fontaine augmente, plus faible sera la satisfaction procurée par la dernière gorgée d’eau (notion d’utilité marginale décroissante). Avec, par exemple, trente utilisations de la fontaine, le randonneur, saturé, ne retire plus aucune satisfaction : son CAP sera égal à zéro.
Si l’on représente graphiquement la demande de notre randonneur pour actionner la fontaine, celle-ci sera décroissante, parce que l’utilité marginale des gorgées d’eau décroît avec leur nombre. Le CAP total est représenté par la surface sous la courbe de demande (AX). Si le prix d’utilisation de la fontaine est d’un euro, notre randonneur ne pourra s’en offrir que vingt. Son CAP est égal à la surface ACDE, soit 20 x 1 + (20 x 2)/2 = 40 €. A ce prix de 1€, le randonneur bénéficie d’un « surplus », puisqu’il était prêt à payer un prix plus élevé pour un nombre moindre d’utilisations de la fontaine (portion AC de la droite de demande). On définit ainsi le surplus du consommateur, qui est dans cet exemple égal à la différence entre la dépense effectivement payée (20 x 1 = 20€) et le CAP total (40€), soit 20€, représenté par la surface hachurée ACF. Ce surplus du consommateur est donc la valeur nette de la ressource (en l’occurrence l’eau qui arrive à la fontaine) dont jouit notre randonneur.
En économie, la notion de dommage, ou d’avantage, repose sur l’expression des préférences des individus : préférence pour éviter une perte (dommage) ou pour obtenir un bien (avantage). Si la ressource est tarie, ou devient impropre à la consommation, le randonneur pourra toujours essayer d’aller dépenser ses 20 € ailleurs (à une autre fontaine), mais il aura perdu son surplus de 20€, qui était lié précisément à l’existence et à la jouissance de cette fontaine située à cet endroit particulier (il sera obligé de marcher plus longtemps pour aller en trouver une autre plus loin, ce qui lui occasionnera une gêne, un dommage). Par conséquent, le dommage à l’environnement se définit, en termes économiques, par la perte de surplus du consommateur.