Puisque le marché ne permet pas une évaluation « spontanée » des valeurs environnementales, on peut chercher à identifier des comportements économiques qui reflètent indirectement le CAP des individus. Par l’observation de certains marchés, on cherchera donc une évaluation monétaire indirecte de ce CAP. Si les individus engagent des dépenses pour se protéger de la pollution, et de ses effets sur leur santé, ou obtenir une amélioration de leur environnement, on peut estimer qu’ils expriment ainsi un CAP. Il suffirait donc d’évaluer ces dépenses. Cette approche a été développée par Starkie et Johnson [1] dans le but d’évaluer le coût social du bruit en Grande-Bretagne.
Les auteurs sont partis de l’observation que les individus investissent dans des équipements de protection contre les bruits extérieurs, notamment par l’installation de double vitrages ou doubles fenêtres. Ainsi, un individu choisira d’acquérir des dispositifs de protection si : C < N-N’, où C représente le coût de l’isolation acoustique, N l’évaluation subjective de la nuisance causée par le bruit en l’absence d’isolation acoustique, et N’ l’évaluation subjective du bruit après isolation. On choisira donc d’acquérir des équipements de protection lorsque les avantages de cette protection (N-N’) sont supérieurs aux coûts (C) et l’on acceptera de dépenser pour l’isolation jusqu’au niveau : ΔN - ΔN’ = ΔC, où Δ représente des petites variations (variations marginales). Le coût C est donc une expression du CAP pour se protéger contre une nuisance (ici, le bruit).
On peut tracer une courbe de demande pour la protection contre les nuisances mettant en relation la quantité de protection demandée et le prix de cette protection. La surface située sous la courbe représente le surplus du consommateur, c’est-à -dire les avantages procurés par la protection.
En appliquant cette méthode à l’aéroport de Londres-Heathrow, Starkie et Johnson ont calculé un CAP, pour l’isolation acoustique d’une maison de cinq pièces, égal à environ 5% du revenu. Si l’on parvient effectivement à évaluer le CAP pour les dépenses de protection, cette méthode a le mérite de la simplicité et peut fournir des ordres de grandeur des dommages à l’environnement.