Le nombre de cancers de l’enfant augmente régulièrement en Europe

En Europe, l’incidence des cancers de l’enfant et de l’adolescent a augmenté de respectivement 1 % et 1,5 % par an au cours des trente dernières années. Dans le même temps, la survie après la découverte d’un cancer s’est nettement améliorée, les résultats étant toutefois plus sensibles en Europe de l’Ouest qu’en Europe de l’Est. Ces résultats ressortent d’une étude menée sous l’égide du Centre international de recherche sur le cancer et publiée dans le numéro du 11 décembre de la revue anglaise The Lancet.

L’Union européenne finance une base de données regroupant 80 registres de cancers et couvrant environ la moitié des enfants (jusqu’à 14 ans) et un quart des adolescents (15 à 19 ans). Elle recense plus de 160 000 cas de cancers de l’enfant ou de l’adolescent diagnostiqués de 1970 à 2001.

En analysant cette base de données, les auteurs ont constaté que, chez les enfants, le taux moyen de l’incidence par classe d’âge dans les années 1990, calculé sur près de 50 000 cas, s’établit à 140 cancers par million de personnes, contre 118 dans les années 1970 et 124 dans les années 1980. Chez les adolescents, ce taux est de 193 par million au cours des années 1990, contre 147 dans les années 1970 et 165 dans les années 1980. Dans l’ensemble, le taux est de 157 cancers par million.

Il apparaît donc, comme l’indiquent les auteurs de l’étude, que "les taux d’incidence globale du cancer ont augmenté au fil du temps pour tous les âges. La différence entre les taux spécifiques de la première et de la dernière décennie était statistiquement significative quel que soit l’âge ; elle était maximum au début et à la fin de la tranche d’âge étudiée".

Il existe une différence d’incidence entre l’Est et l’Ouest. Pour les enfants, le taux selon l’âge est légèrement plus élevé à l’Est, une différence que les auteurs attribuent, au moins en partie, aux conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. Chez les adolescents, l’incidence est plus basse à l’Est qu’à l’Ouest. Dans l’ensemble de l’Europe, les garçons sont plus touchés que les filles.

Chez l’enfant, l’accroissement concerne la plupart des types tumoraux ; chez l’adolescent, le phénomène est surtout observé pour les carcinomes (cancers des cellules des épithéliums), les lymphomes (cancers des globules blancs) et les tumeurs des cellules germinales (cellules qui donnent naissance aux cellules sexuelles).

DIFFÉRENCE ENTRE OUEST ET EST

Plus encourageant est le constat que le taux de survie, cinq ans après le diagnostic de cancer, s’est élevé depuis les années 1970. Dans les années 1990, ce taux était de 73 %, contre 44 % pour les années 1970 et 64 % pour les années 1980. Chez l’adolescent, le taux de survie à cinq ans progresse aussi : il était de 50 % dans les années 1970, de 63 % dans les années 1990 et de 74 % dans les années 1990. Là encore, il existe, chez les enfants, une différence entre Est et Ouest : la survie moyenne dans les années 1990 était de 64 % en Europe de l’Est, contre 75 % à l’Ouest.

Les auteurs estiment que l’augmentation des cancers chez l’enfant et l’adolescent en Europe est réelle, même s’ils ne peuvent l’expliquer. Quant à l’amélioration de la survie, elle est probablement due à une meilleure prise en charge.

Article signé Paul Benkimoun, paru dans Le Monde du 07.01.05

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