Jusqu’au début des années 70, le contrôle des maladies infectieuses était considéré comme quasi acquis grâce aux progrès de l’hygiène, aux vaccinations et aux antibiotiques. depuis, même si les pays de l’OCDE restent globalement moins concernés, on a assisté à un retour de ces maladies au premier plan des préoccupations de santé publique. Nous tenterons ici d’analyser les causes de l’émergence de certaines maladies infectieuses et d’illustrer par des exemples l’influence de l’environnement. Dans un deuxième temps nous nous pencherons sur certains cas d’agents biologiques dont les infections chroniques entraînent des conséquences secondaires, comme le cancer.
Les causes environnementales de l’émergence sont multiples et peuvent se cumuler. Il peut s’agir : de modifications de l’écosystème (travaux de déforestation ou d’irrigation, construction de routes, de voies ferrées, de barrages, etc,) Ces conditions favorisent le contact entre l’homme et les vecteurs des maladies (moustiques, tiques, etc.) ;
d’accroissement de la fréquence et de la vitesse des voyages locaux et internationaux ;
de changement des pratiques agricoles facilitant le transfert d’agents pathogènes entre animaux sauvages et domestiques ;
de croissance démographique urbaine ;
de baisse des systèmes de santé ou de contrôle sanitaire dans certains pays ;
de modifications technologiques dans l’industrie agroalimentaire ;
de perturbations de l’environnement social (famine) ou politique (guerre) qui peuvent conduire à des déplacements massifs de population et faire émerger certaines maladies.
Les maladies émergentes sont pour la plupart des zoonoses [1] et leur éclosion est la conséquence d’une intervention humaine rapprochant le réservoir animal à l’homme. Sur les 156 maladies considérées émergents en 2000, 114 étaient des zoonoses, 17 étant apparues entre 1980 et 2000.