Les multiples conséquences de l’infection à Helicobacter pylori

L’entité lymphome méditerranéen a été décrit sur le plan clinique et histologique dès la fin des années 60 et c’est en 1976 qu’ont été publiés les premiers résultats de régression sous antibiothérapie. L’implication des helicobacter dans l’étiologie de ce qui est devenue le lymphome MALT (mucosa-associated lymphoid tissue) est quant à elle beaucoup plus tardive (1991). Le schéma retenu aujourd’hui admet la génération de clones de lymphocytes T dirigés contre des antigènes bactériens qui sont à l’origine de signaux prolifératifs vis à vis de lymphocytes B infiltrant la muqueuse, le plus souvent, gastrique. Quelques anomalies numériques de chromosomes ou de déséquilibres alléliques limités conduisent au lymphome de type MALT de bas-grade, souvent localisé et peu évolutif. Cette dépendance des cellules lymphomateuses des signaux émanant des cellules T ne correspond qu’à cette phase précoce, la seule à répondre à l’antibiothérapie. Des formes plus évoluées résultent de l’acquisition d’altération génétiques supplémentaires. Ces liens fonctionnels des lymphomes avec le système immunitaire constituent leur trait distinctif par rapport à l’ensemble des lésions néoplasiques.

Mais l’infection à helicobacter est aussi un facteur étiologique dans la genèse de carcinomes gastriques. Si la séquence présente des aspects plus classiques, irritation (gastrite) puis érosion du revêtement épithélial de l’estomac (ulcers peptiques), avant la cancérisation, il est intéressant d’observer que l’aboutissement du processus reste rare pour une infection aussi ubiquitaire (la moitié de la population est infectée). D’autres facteurs interviennent pour favoriser l’évolution vers un cancer. Le modèle en cours implique cagA, une protéine bactérienne, qui perturbe l’homéostasie de la muqueuse, en stimulant l’apoptose, ce qui pourrait expliquer la réaction atrophique. Une hyperprolifération des cellules épithéliales s’installe en tant que mécanisme compensatoire, rendant plus probable l’émergence d’un clone muté. Il reste une observation qui n’a toujours pas reçu d’explication définitive. Au Japon ou en Korée l’incidence de cancers gastriques est très élevée comparée à certains pays africains où l’incidence est très faible bien que l’infection de la population y soit équivalente. Des facteurs alimentaires ou environnementaux pourraient fournir une partie de l’explication, mais les données sont en faveur de souches d’helicobacter distinctes, exprimant des protéines cagA capables de perturber plus ou moins les fonctions de l’hôte. Les résultats de l’épidémiologie moléculaire commencent à confirmer cette dernière hypothèse.

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