L’étude danoise sur les perfluoroalkylés (PFAS) met en évidence le rôle crucial de la fenêtre de sensibilité dans l’évaluation des risques toxiques. Ces substances, agissant comme perturbateurs endocriniens, ont montré des effets non linéaires sur le développement pubertaire, avec des réponses variant selon le sexe : certains PFAS (comme le PFOS) sont associés à une puberté précoce chez les filles, tandis que d’autres (comme le PFDA) retardent la puberté chez les garçons. Ces résultats révèlent une relation dose-effet non monotone, où des expositions à faible ou moyenne intensité ont parfois des impacts plus marqués que des doses élevées. L’étude souligne surtout que la période critique d’exposition est prénatale : les PFAS, absorbés par le fœtus via le sang maternel, perturbent durablement le système endocrinien, influençant le développement pubertaire des années plus tard. Ce phénomène rappelle des cas historiques comme le distilbène (DES) ou le thalidomide, où des expositions brèves mais ciblées durant des phases sensibles du développement (ex : formation des membres pour le thalidomide) ont provoqué des effets irréversibles, indépendamment de la dose. Ces observations remettent en cause les modèles toxicologiques classiques centrés sur la dose seuil, au profit d’une approche intégrant le moment d’exposition, les interactions biologiques (effets cocktails) et les spécificités individuelles (sexe, génétique). Ainsi, la « fenêtre de sensibilité » devient un paramètre clé pour anticiper les risques sanitaires, notamment pour les polluants agissant sur des mécanismes subtils comme l’équilibre hormonal. Le cas des PFAS renforce l’idée que la fenêtre de sensibilité (ici, la période prénatale) est un déterminant majeur des effets toxiques, parfois plus que la dose. Cela exige une approche holistique en santé environnementale, combinant l’étude du moment d’exposition, des mécanismes endocriniens, et des spécificités individuelles (sexe, génétique).