Question sur : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre ! En réponse à :

Sujet : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre !

R�pondu le mercredi 1er février 2023 par Geremie Carlu Lauriane

Le contexte initial est le suivant : les travaux scientifiques sont jugés suffisamment convaincants pour que l’effet cancérigène de l’amiante pour l’homme soit reconnu en France en 1976 (inscription au tableau des maladies professionnelles) et par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1977. Pourquoi n’a-t-on pas alors interdit ce produit ?

Le premier argument de Martine Aubry est un mélange entre de la relativisation : "il y a aujourd’hui des milliers de produits toxiques et des dizaines de produits cancérigènes dans les entreprises comme dans notre cuisine ou notre salle de bain" complété par une touche de déni, " si on devait interdire tout les produits cancérigènes on interdirait beaucoup de choses." En d’autre terme, ce n’est pas si grave et surtout on ne peut pas se protéger de tout et imposer un risque zéro sinon on arrête de vivre ou peut être chez les Amish ?

Le deuxième argument avancé par Martine Aubry est : "si on pense qu’il y a un risque malgré les protections, on doit interdire et nous ne l’avons vu, malheureusement, que beaucoup plus tard. [...] nous étions absolument convaincus, car toutes les études le disaient, que nous pouvions, en prenant des précautions d’usage et de manipulation et en faisant en sorte que les salariés ne soient pas au contact avec les fibres d’amiante, exclure totalement le danger pour la santé des salariés. Ce n’est d’ailleurs pas seulement sur l’amiante mais sur beaucoup d’autres produits que ce raisonnement a toujours été appliqué, non seulement en France mais dans l’ensemble des pays." On retrouve ici le principe de Paracelse, c’est la dose qui fait le poison, principe de base de la toxicologie qui a grandement influencé tout le domaine de la santé. Il fallait donc travailler sur les protections, ou les valeurs limites d’exposition.

Ce qui est aussi défendu ici c’est que la France "ne savait pas" car "la recherche s’appuie aussi de plus en plus sur les études internationales, ce qui était malheureusement moins le cas dans les années 1970." Il y avait donc un manque de connaissance : "on a pensé pendant longtemps que le seul risque de l’amiante était la fibrose pulmonaire, l’asbestose, caractérisée par des insuffisances respiratoires en cas d’inhalation à haute dose de poussières d’amiante" il y avait beaucoup plus de connaissance en Angleterre, car ils étaient les premiers à ce lancer dans la révolution industrielle et donc l’utilisation massive d’amiante.

On retrouve aussi l’argument type, les autres faisaient pareil : "Au niveau européen l’étiquetage de l’amiante n’était pas alarmant et pas considéré comme très toxique", report de la responsabilité sur les instances supérieures. Mais aussi, chercher à établir une responsabilité individuelle, venant du fait que les travailleurs ou chefs d’entreprise ne respecte pas la réglementation : "l’importance des consignes de sécurité et des restrictions à l’usage de ces produits. Encore faut-il que les réglementations soient bien respectées." Il y avait ce même type d’argument dans le cas de l’utilisation des pesticides, "surdosés" par les agriculteurs ou utilisé "sans protection".

On retrouve aussi, une comparaison fallacieuse avec la voiture : étant dangereuse il aurait fallu l’interdire or on a préféré la règlementer petit à petit ( permis, limitation de vitesse, port de la ceinture obligatoire, ...). Hors ici l’amiante est dangereux intrinsèquement et non par son utilisation : "En 1977, convaincu que le danger potentiel de l’amiante venait de l’inhalation de poussières, on a pensé - à tort, on le sait aujourd’hui - pouvoir l’écarter en définissant les conditions de manipulation et d’utilisation du produit et en réduisant le seuil d’exposition des salariés en dessous du niveau que l’on pensait sans risque."

Et l’argument classique du tabac entre interdiction et liberté personnelle, mis en balance aussi avec les connaissances sanitaires croissantes (tabagisme passif, nombres de cigarette maximum impliquant le risque d’un cancer). Encore une fois cette idée que c’est la dose qui fait le poison.

Finalement, le dernier argument avancé est : "le décalage entre le début de l’exposition et l’éventuelle maladie professionnelle." d’où l’intérêt d’avoir introduit dans la loi le principe de précaution.


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