Question sur : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre ! En réponse à :

Sujet : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre !

R�pondu le jeudi 14 juin 2012 par Videau Vincent

En 1977, les principaux arguments utilisés pour ne pas interdire purement et simplement l’amiante furent de plusieurs ordres :

-  Malgré l’effet cancérigène pour l’homme de l’amiante reconnu dés 1976 en France, les pouvoirs publics ont considéré que l’amiante faisait partie des nombreux produits cancérigènes présents dans le quotidien des Français « si l’amiante était une préoccupation, ce n’était pas la seule et que nous devions être vigilants sur d’autres produits » et que l’interdiction complète n’était pas une solution : « On aurait pu faire le même raisonnement en disant que la voiture est dangereuse »

-  Les pouvoirs publics ont considéré qu’en prenant des précautions d’usage et de manipulation, cela permettait d’exclure totalement le danger pour la santé des salariés. Considérant ainsi que les protections individuelles et collectives permettaient de ramener le risque à un niveau acceptable. C’est un vœu pieux, estimant que le risque sera contrôlé via une gestion qui suppose un système sans faille, alors que dans la pratique le système défaille souvent.

-  L’usage généralisé de l’amiante à cette période dans le bâtiment et l’industrie « la plupart des bâtiments publics qui ont été bâtis au cours de la décennie 1970 ont bénéficié d’un flocage à l’amiante ». Les enjeux financiers de la décontamination et l’absence de solution de substitution ont favorisé cette prise de position.

-  Le manque de recul vis-à-vis de la courbe dose / effets du fait de la période de latence. Les pouvoirs publics étant persuadés que la valeur limite établie à 2 fibres par ml était extrêmement protectrice : « nous nous sommes placés à 2 fibres par ml dans l’air, niveau qui se situait plus de dix fois en dessous des niveaux d’exposition pour lesquels les cas de cancer avaient été identifiés à l’époque. » et « Nous avions la conviction, que les valeurs limites protégeaient les salariés et que nous étions en avance sur les autres pays développés ».

En matière de prévention des risques, les mots clefs suivants ressortent : protections individuelles et collectives, précautions d’usage, usage contrôlé

Enfin, au-delà des arguments avancés à l’époque pour justifier cet immobilisme, l’organisation même des prises de décision a favorisé cet état de fait :

-  « Le fait que les problèmes de santé au travail étaient gérés à travers le versement de primes de risque ou de négociations a certainement contribué à ralentir la prise de conscience des pouvoirs publics ».
-  «  Avant la loi de 1998, l’alerte en matière de santé publique concernant exclusivement la prévention de la transmission des maladies infectieuses. »
-  « Aucun organisme n’était réellement chargé de l’évaluation des risques professionnels »
-  « La séparation très nette en France, à l’échelon des pouvoirs publics et de l’état, dans l’accomplissement de leurs missions régaliennes, de ce qui relevait du monde du travail et de ce qui relevait du monde de la santé. » a favorisé l’immobilisme général


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