Question sur : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre ! En réponse à :

Sujet : Pourquoi en 1977 il a été décidé qu’il était urgent d’attendre !

R�pondu le mercredi 27 juin 2012 par Ciza Gratien

En 1977, convaincu que le danger potentiel de l’amiante venait de l’inhalation de poussières,
on a pensé - à tort, on le sait aujourd’hui - pouvoir l’écarter en définissant les conditions de
manipulation et d’utilisation du produit et en réduisant le seuil d’exposition des salariés en
dessous du niveau que l’on pensait sans risque. Une autre façon de voir quelle place occupait l’amiante au ministère du travail, c’est de regarder ce qui a été fait pendant cette période, pour répondre à votre question. Deux décisions importantes ont été prises en 1977.
Il y avait eu à cette époque une conférence sur l’amiante au cours de laquelle on n’avait pas du tout parlé d’interdiction, évidemment, mais on avait dit qu’il fallait fixer le nombre de fibres dans l’air. Je me souviens d’en avoir parlé à Pierre Cabanes à mon retour pendant que les services d’hygiène et de sécurité travaillaient déjà sur ce produit.

Quand nous avons sorti ces décrets de 1977 - encore une fois, ce n’était pas dans ma
responsabilité, mais je m’en souviens très bien -, nous étions très fiers de sortir de ce ministère
des textes qui étaient en avance par rapport à tout le reste de l’Europe, puisqu’il y a eu à la fois
l’interdiction du flocage et, dans une deuxième décision, l’introduction dans la réglementation
du travail d’une série de mesures de protection individuelle et collective pour que la
manipulation de l’amiante « se fasse sans émission de poussières, avec des travaux réalisés
par voie humide ou dans des appareils capotés et mis en dépression et sans exposition des
poumons aux poussières (masque) ».
Aujourd’hui, on ne parle que de la valeur limite, mais il faut se rappeler qu’à l’époque, il
importait que les salariés ne soient pas en contact avec ces poussières. C’était tout aussi
important que la réduction de la valeur limite : nous nous sommes mis alors en dessous des
niveaux les plus sévères, puisque les plus sévères étaient les Etats-Unis, avec 5 fibres dans
l’air par millilitre, et que nous nous sommes placés à 2 fibres par millilitre dans l’air, niveau
qui se situait plus de dix fois en dessous des niveaux d’exposition pour lesquels les cas de
cancer avaient été identifiés à l’époque. Le ministère pensait vraiment que nous étions en
avance et que nous devions l’être.
Comme commentaire :
Je pense que le niveau de conviction sur le danger de l’amiante qui prévalait à cette époque et les mesures prises pour protéger la population sont concordants. Dans un monde d’intérêts divergents les mesures de réglementation vont de paire avec les activités de mobilisation/sensibilisation pour convaincre les réticents, pour que s’il advenait que des mesures de grandes envergures soient prises ne rencontrent pas de résistance. A l’heure actuelle, il ne serait plus question de faire autre réglementation dans le domaine professionnel que l’interdiction. Dans le domaine de l’exposition naturelle, c’est là où on continuerait les recherches pour trouver une solution où tout le monde serait à l’abri de l’exposition.


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