Question sur : Usines d’incinération d’ordures ménagères : risques et acceptabilité En réponse à :

Sujet : Usines d’incinération d’ordures ménagères : risques et acceptabilité

R�pondu le lundi 31 mai 2010 par Labbe Marie

Une source majeure de pollution émise par les usines d’incinération d’ordures ménagères (UIOM) est l’émission de dioxines. Celles-ci sont émises lors de la combustion des déchets et libérées dans l’atmosphère avec les fumées. Elles peuvent donc être transportées sur de longues distances, avant de retomber sur les sols. Après leur dépôt, elles restent essentiellement accumulées dans les 10 premiers centimètres des sols. Leur élimination est lente puisque leur demi-vie est supérieure à 10 ans. Lors des cultures, peu de dioxine sont transférée du sol vers les végétaux. Les principales voies de contaminations de l’homme sont liées au dépôt atmosphérique sur les végétaux et via la chaine alimentaire lorsque l’usine est encore en activité soit, sur du long terme, par les végétaux souillés par la terre. Les dioxines étant lipophiles l’accumulation se fait principalement dans le lait.
Les émissions totales de dioxines ont été réduites par 4 ces dernières années. De nombreux incinérateurs ont été mis aux normes en traitant les fumées émises. Selon le rapport de l’INVS, dans l’état actuel des connaissances, les UIOM respectant les normes semblent avoir un impact très faible sur la santé. Cependant il n’existe pas de contrôle continu des émissions de dioxines à la sortie des incinérateurs. Même si le rapport indique que les études ne permettent pas de démontrer une association entre une exposition environnementale liée aux nouvelles générations d’incinérateurs et une pathologie, il met l’accent sur l’absence de contrôle permanent, surtout sur les petites installations, et sur les émissions d’autres polluants.
Des travaux ont été menés sur les rejets de l’incinérateur de Besançon car une étude épidémiologique a révélée une augmentation significative des lymphomes non hodgkiniens à proximité de cet incinérateur. Une modélisation a été réalisée pour étudier la corrélation avec l’exposition liée à l’incinérateur. La modélisation de la diffusion du panache de la cheminée montre que le risque de développer le lymphome non hodgkiniens est plus élevé dans la zone la plus exposée confortant l’association entre la survenue des cancers et l’exposition environnementale. De même, la contamination des zones fortement exposées a été confortée par une teneur en dioxine beaucoup plus élevée dans des œufs provenant de la zone sous le panache de la fumée que dans des œufs provenant de la zone moins exposée. Ces études montrent la difficulté à mettre en liaison la survenue d’une pathologie et une exposition environnementale.
On peut comprendre dans ce cas, les conflits qui opposent les partisans de l’incinération pour éliminer les déchets d’une agglomération comme ceux de la ville de Marseille par exemple et les riverains du projet d’incinération à Fos-sur-mer.
L’analyse économique décrit bien le ressentiment des populations face à l’incinération. Le consentement à payer (CAP) est élevé pour déplacer un projet d’installation d’une nouvelle usine d’incinération loin de son domicile ce qui exprime bien le syndrome NIMBY (not in my back yard). En revanche le consentement à payer pour fermer un UIOM existant déjà à proximité est beaucoup plus faible. Cette étude révèle d’autres aspects de l’anxiété produite par les UIOM, à savoir que les habitants les plus éloignés pensent que l’UIOM génère plus de naissances que les personnes plus proches. De même ceux qui sont à proximité et qui connaissent bien l’incinérateur pensent qu’il est moins nocif pour la santé que les personnes éloignée qui le connaissent mal.
En conclusion, Les UIOM ont par le passé conduit à des nuisances et à des pollutions en particulier par les dioxines ayant encore des effets sur du long terme. Même si la réglementation a conduit à une amélioration des émissions de dioxines, les UIOM ont mauvaise réputation et les riverains des projets d’installation sont souvent opposés au projet. Avec la difficulté à mettre en évidence l’impact environnementale des dioxines, l’inquiétude peut aussi porter sur un mauvais contrôle des incinérateurs générant des accidents ou encore sur la contamination par d’autres polluants.


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